Jeudi 12 juin 2008 à 20:59
Je devais dormir. Je n'ai pas dormi, logique. Ça n'est pas grave. Du
coup j'avais décidé de regarder le début de Lost In Translation, juste
comme ça. Sauf que juste "comme ça" avec moi ça marche pas du tonnerre.
Surtout quand il est une heure du matin. J'ai regardé le film jusqu'à
la fin. Problématique. Deux heures, deux heures et demie, trois heures,
trois heures et demie, boire un peu d'eau. J'ai lâché hier soir. Enfin,
ça faisait longtemps que je me retenais. C'est même pire que ça, avant
je n'avais rien à exprimer. Hier soir c'est sorti, tout seul. Je pense
qu'il fallait au moins ça pour que je puisse être totalement libérée.
Les connexions se sont faites, se sont imposées et à travers mes larmes
j'avais un petit rire minable. Je n'ai jamais voulu être une princesse.
Je n'en ai pas l'étoffe : je suis trop imposante. Je voulais être
reine. Mais cela implique un roi, pas pour moi donc. J'ai revu ma
vision de la princesse et je dois dire que je suis désormais d'accord.
De plus je me bats comme une gitane qui aurait appris au bâton. Ça me
va.
La fumée, tirer les cartes, 90 centimètres de bois clair, une arme, un délit, peut-être un crime.
La fumée, tirer les cartes, 90 centimètres de bois clair, une arme, un délit, peut-être un crime.
Jeudi 12 juin 2008 à 20:23
Bee. _ Bang bang. dit :
Mon papa te demande si tu es prete a avoir des températures caniculaires
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
*rambo*
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
j'espèreeeeeeeeeeeee
Bee. _ Bang bang. dit :
( et il te dit bonsoir, par la mm occasion )
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
(*névrosée* en fait j'ai trop peur de ça !)
Bee. _ Bang bang. dit :
mouhahaha
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Déjà qu'il parait que je pourrai pas survivre en jean.. CRY
Bee. _ Bang bang. dit :
il dit que tu t'inquietes pas
Bee. _ Bang bang. dit :
pr l'instant on se les gele
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ah bah chez nous on a remis le chauffage en route..
Bee. _ Bang bang. dit :
c'est vrai que s'il fait chaud, prévois des juuuupes
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Mais j'ai PAS de jupes XD
Bee. _ Bang bang. dit :
bon ça va, chez nous il fait plus chaud que ça qd mm, on a mangé dehors
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
o_O
Bee. _ Bang bang. dit :
bah j't'en preterai va :d
Bee. _ Bang bang. dit :
ça te fera des minis :d
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ah bah si quand vous vous les gelez vous mangez dehors..
Bee. _ Bang bang. dit :
:p
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ouais, voir si je rentre dedans -_-
Bee. _ Bang bang. dit :
bah
Bee. _ Bang bang. dit :
ui of course
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
LOL
Bee. _ Bang bang. dit :
mon papa dit que auj yavait QUE 29° (a)
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
ARG
Bee. _ Bang bang. dit :
héhéhé
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Le Papa de Bee pourrait-il me faire une place dans son congélateur, en fait ?
Mon papa te demande si tu es prete a avoir des températures caniculaires
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
*rambo*
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
j'espèreeeeeeeeeeeee
Bee. _ Bang bang. dit :
( et il te dit bonsoir, par la mm occasion )
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
(*névrosée* en fait j'ai trop peur de ça !)
Bee. _ Bang bang. dit :
mouhahaha
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Déjà qu'il parait que je pourrai pas survivre en jean.. CRY
Bee. _ Bang bang. dit :
il dit que tu t'inquietes pas
Bee. _ Bang bang. dit :
pr l'instant on se les gele
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ah bah chez nous on a remis le chauffage en route..
Bee. _ Bang bang. dit :
c'est vrai que s'il fait chaud, prévois des juuuupes
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Mais j'ai PAS de jupes XD
Bee. _ Bang bang. dit :
bon ça va, chez nous il fait plus chaud que ça qd mm, on a mangé dehors
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
o_O
Bee. _ Bang bang. dit :
bah j't'en preterai va :d
Bee. _ Bang bang. dit :
ça te fera des minis :d
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ah bah si quand vous vous les gelez vous mangez dehors..
Bee. _ Bang bang. dit :
:p
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Ouais, voir si je rentre dedans -_-
Bee. _ Bang bang. dit :
bah
Bee. _ Bang bang. dit :
ui of course
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
LOL
Bee. _ Bang bang. dit :
mon papa dit que auj yavait QUE 29° (a)
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
ARG
Bee. _ Bang bang. dit :
héhéhé
Mymy ~ We Looked Like Giants. dit :
Le Papa de Bee pourrait-il me faire une place dans son congélateur, en fait ?
Jeudi 12 juin 2008 à 15:20
IL EST VIVAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANT !!
(pour pousser un cri de joie pareil je parle bien sûr de mon portable)
Quel pied d'entendre à nouveau cette petite sonnerie si délicate pour les messages... Non, le nokia indestructible c'était pas mon truc. Mais maintenant mon Samsung a lui aussi gagné l'appelation indestructible, vu tout ce que je lui ai fait subir pour le réparer.
(pour pousser un cri de joie pareil je parle bien sûr de mon portable)
Quel pied d'entendre à nouveau cette petite sonnerie si délicate pour les messages... Non, le nokia indestructible c'était pas mon truc. Mais maintenant mon Samsung a lui aussi gagné l'appelation indestructible, vu tout ce que je lui ai fait subir pour le réparer.
Jeudi 12 juin 2008 à 12:13
Entre le Nuage des filles qui organise une soirée parisienne (à laquelle j'aurais donc peut-être pu aller) le 17 juin (un peu trop tard à mon goût) et deUs qui est en concert à Maubeuge (c'est génial d'habiter le Nord, comme c'est un département grand et actif il y a toujours quelque chose, mais comme c'est un département grand, y'a toujours un problème de chauffeur), ajoutez à ces deux sorties annulées avant même d'être prévues, mon angine qui ne décolère pas, et vous comprendrez que j'en viens à me demander si je n'ai pas la poisse. Par hasard.
Mercredi 11 juin 2008 à 19:14
Je veux bien les croire sur parole. Ca n'est pas ça qui va me bouffer. du moins, je ne pense pas. Je finirai juste par êter fatiguée, à un moment ou à un autre j'arrêterai de courir pour traîner des pieds.
Sauf que... Est-ce vraiment ça le plus important ? Je n'en suis pas persuadée... Le plus important n'est peut-être pas non plus la fin d'année, les adieux, les souvenirs et les cadeaux. On met tout ça sur pause. On reprendra plus tard, si on a le temps. On c'est un con, oui. Mais je n'aime pas écrire à la première personne du pluriel. Même si c'est pour se tourner vers le futur. Parce que qu'est ce qui m'assure qu'il est meilleur que le présent ? Que le passé ? Ce passé que j'ai d'ailleurs décidé de passer sous silence. Alors pour le moment chut. Faut peut être arrêter les dégâts là. Arrêter de croire. De vouloir. De vouloir croire. De croire vouloir. Bien sûr. Sans être pessimiste pour autant, juste une dose de réalisme. Faire le point, avec quelques élements, seuls ceux qui sont à portée de main. Sans voir avant, sans voir après. Un simple gros plan. Flouter le fond du décor. Appuyer sur le bouton de l'appareil photo. Histoire d'immortaliser. Fixer l'image jusqu'à la voir encore en fermant les yeux. Cette volonté stupide, probablement, de préférer la garder dans l'esprit que sur du papier glacé. Pour continuer, vivre avec. Ca doit être ça.
Au final j'y reviens toujours. A attendre. De pouvoir ouvrir les yeux sans crainte. Les "en attendant" ont tendance à revenir de plus en plus souvent. Alors c'est décider de vivre autrement pour posséder une vie, en attendant, justement.
Sauf que... Est-ce vraiment ça le plus important ? Je n'en suis pas persuadée... Le plus important n'est peut-être pas non plus la fin d'année, les adieux, les souvenirs et les cadeaux. On met tout ça sur pause. On reprendra plus tard, si on a le temps. On c'est un con, oui. Mais je n'aime pas écrire à la première personne du pluriel. Même si c'est pour se tourner vers le futur. Parce que qu'est ce qui m'assure qu'il est meilleur que le présent ? Que le passé ? Ce passé que j'ai d'ailleurs décidé de passer sous silence. Alors pour le moment chut. Faut peut être arrêter les dégâts là. Arrêter de croire. De vouloir. De vouloir croire. De croire vouloir. Bien sûr. Sans être pessimiste pour autant, juste une dose de réalisme. Faire le point, avec quelques élements, seuls ceux qui sont à portée de main. Sans voir avant, sans voir après. Un simple gros plan. Flouter le fond du décor. Appuyer sur le bouton de l'appareil photo. Histoire d'immortaliser. Fixer l'image jusqu'à la voir encore en fermant les yeux. Cette volonté stupide, probablement, de préférer la garder dans l'esprit que sur du papier glacé. Pour continuer, vivre avec. Ca doit être ça.
Au final j'y reviens toujours. A attendre. De pouvoir ouvrir les yeux sans crainte. Les "en attendant" ont tendance à revenir de plus en plus souvent. Alors c'est décider de vivre autrement pour posséder une vie, en attendant, justement.
Mercredi 11 juin 2008 à 15:12
J'aimerais pouvoir écrire autant que je le veux. Des trucs qui n'auraient pas grand rapport avec ce que je fais ici. Ou avec ce que j'essaye de faire. C'est pire. Des trucs modernes, d'autres acides, grinçants... Mais ça ne colle pas. Ça ne colle pas avec cette atmosphère. Ça ne colle pas avec cette attitude, cette habitude même. Alors j'attends. Je garde tout en tête, bien rangé, ou presque, dans un coin. Et quand... Quand... Ça va faire mal.
(Martijn en a ras-le-bol de mes tics d'écriture, d'ailleurs.)
Mercredi 11 juin 2008 à 14:14
S'ils pouvaient savoir à quel point ils me fatiguent... Ceux qui me manquent, ceux qui ne répondent pas, ou plus, ceux qui m'ont dit qu'ils seraient là et que je vois s'éloigner. Cet été ça va faire un an. Cela fera un an qu'on pouvait me trouver dehors à trois heures du mat, participant en anglais à une discussion qui se faisait en allemand. "But you're a GENIOUS !" et rire en retrouvant cette phrase griffonnée à la hâte sur un menu du snack. Tout de même, c'était un bel été. Et parce que je n'ai pas voulu le prolonger on m'a privée du printemps. De l'été à venir, aussi, probablement. Je suis partie du cas général pour en arriver au cas particulier. Il m'a dit je t'aime. Je n'ai rien dit. Il est parti. Je suis restée. Si j'avais su un jour que parler de flash me manquerait autant. En fait, c'était en pleurer. Ou presque. De rage devant l'injustice. Parce que je l'ai perdu. Alors vraiment, toi, je ne veux pas te perdre. Surtout que pour une fois que je tombe sur la bonne personne...
Mardi 10 juin 2008 à 17:40
Il ne manquait plus que ça. (Si vous voulez tout savoir : ma gorge est un ganglion et si la population microbienne qui l'habite actuellement pouvait voter aux USA, Obama foutrait une raclée magistrale à l'autre niouf de Républicain.) Sinon, n'oubliez pas que C'est Vicieux Les Nouilles. Très vicieux. Surtout quand ça prend des excitants. On avait pas envie de travailler, en fait. "Ce ne seront pas des vacances !" à propos de ma semaine de révisions. "Pour Margaux si !" mais c'est qu'il est perspicace le Nicolas ! Bref. Fun la spé aujourd'hui. Je leur souhaite juste de bien s'éclater ce soir. Et puis, aussi, information capitale, j'ai envie de dire que Jésus revient et qu'il n'est pas content... Au fait !! Important, beaucoup de choses le sont, en fait. Mais là, tout de même, n'oublie pas... Fais-toi maaal...
[Sympatoches tout de même les ES2...]
[Sympatoches tout de même les ES2...]
Lundi 9 juin 2008 à 22:34
J'ai mal au dos. Je me drogue à DCFC. J'ai trois photos dans mon portefeuille. Faut que j'équilibre : j'aimerais en avoir plus. Aussi. De ces gens qui en veulent toujours. Normalement un gros texte viendra là-dessus. Sur mon vellada il n'y a que quatre mots, marqués au feutre violet. Tout ce que je veux c'est enlever le passé. Quitte à faire mentir le titre de la chanson. Je veux tout mettre au présent. Je veux vivre. Vivre ce présent. Le transcender. Être la fille qui fait rêver, rire, la fille qu'on aime peut-être bien. Comme il y a quelques trois mois ? Parce que j'ai du mal. Pour ça ne fait pas mal d'avoir de temps à autres une aspiration "normale". Même si à cette époque de l'année les pensées et les souhaits se tournent plus vers les examens. Sauf que ça n'est pas mon genre. Il n'empêche que je vous dis "merde" à tous. A certains plus qu'à d'autres. L'an prochain je crois que je vais passer mon temps à faire la navette vers Lille. Je sais pas, une impression comme ça. Demain sujet bac sur le thème que j'aurai obligatoirement, en SVT. Mercredi je dois avoir préparé mon classeur de français. Bien sûr. Demain aussi, aller acheter du crédit. Rendre les livres à la médiathèque. Vendredi je finis. Vendredi j'ai répétition générale. Je dois trouver les costumes. Me préparer. Alors franchement, le bac, c'est si j'ai le temps, ou entre deux portes. Faut avoir des priorités dans la vie. Je regretterai, ou pas.
[Sa voix me manque, en parlant d'entre deux portes.]Lundi 9 juin 2008 à 20:50
La portière claque cette fois-ci. Et merde, comment il a deviné que
j'étais seule chez moi ? Je ne peux pas faire comme si j'étais absente,
il sait bien que je suis là, nous nous parlions sur msn il y a deux
minutes encore. J'avais zappé msn sur son portable. Enfin, c'est pire
que ça ; je n'y avais pas pensé du tout. Nous y voilà : il passe par
dessus la grille, j'entends le bruit de métal caractéristique. Il ne
perd pas de temps non plus et si j'avais été à sa place j'aurais fait
pareil : le cadenas est mis et la sonnette débranchée. L'habitude quoi.
Il frappe à la porte. J'ouvre ou pas ? Bien sûr que oui j'ouvre. Un
léger moment de flottement. Il porte son sempiternel manteau noir, sauf
qu'il n'est pas fermé, et un seul t-shirt en-dessous. Je crois que je
comprendrai jamais ça. On reste là, à se regarder dans le blanc des
yeux, ou presque. C'est toujours délicat de regarder dans le blanc de
ses yeux à lui, enfin, moi j'ai du mal, je suis captivée par la
couleur. On ne parle pas. On va s'y mettre. Ou pas. Il
s'approche. Et je ne sais pas trop comment ça se fait mais je me
retrouve dans ses bras, la tête sur son torse, je respire son parfum.
On parlera après. Je veux que ce moment dure toujours, là sur le seuil
de ma porte, en ce froid début de janvier.
Dimanche 8 juin 2008 à 22:21
"Company Calls Epilogue "
"Synapse to Synapse: the possibility's thin.
I'm dressed up for free drinks
and family greetings on your wedding
your wedding
your wedding date.
The figures in plastic
on the wedding cake
that I took
were so real.
And I kept a distance:
the complications cloud
the postcards and blips through fiberoptics,
as the girls with the pigtails
were running from little boys wearing bowties
their parent bought them:
"I'll catch you this time!"Crashing through the parlor doors,
what was your first reaction ? Screaming, drunk, disorderly:
I'll tell you mine.
You were the one
but I can't spit it out
when the date's been set. He white routine to be ingested inaccurately.
Synapse to Synapse : the sneaky kids had attached beer cans
to the bumper so they could drive
up and down the main drag.
People would turn to see
who's making the racket. It's not the first time.
When they lay down
the fish will swim upstream
and I'll contest but they won't listen
when the casualty rate's near 100%,
and there isn't a pension for second best
or for hardly moving..
Crashing through the parlor doors,
what was your first reaction ? Sreaming, drunk, disorderly:
I'll tell you mine. You were the one
but i can't spit it out when the date's been set.
The white routine to be ingested inaccurately."
NB : si quelqu'un me trouve le nouvel album, je ... Je sais même pas tiens.
Ce que j'adore tout de même dans ma bibliothèque musicale c'est que mon groupe américain préféré (anglophone ? tout court ?) Death Cab For Cutie, précède directement mon groupe français préféré, Debout Sur le Zinc. Ça me refile des shoots de bonheurs musicaux, c'est assez impressionnant.
Je rappelle d'ailleurs que Death Cab est en concert et que l'ayant dit à cette
demoiselle mais n'étant moi-même pas disponible à cette date (argh ou pas), elle
cherche des gens, sympathiques (de préférence si vous êtes un beau mâle de
vingt ans, en fait) pour l'y accompagner ( le droit de la soutenir lors de son orgasme musical est d'ores et déjà accordé).
demoiselle mais n'étant moi-même pas disponible à cette date (argh ou pas), elle
cherche des gens, sympathiques (de préférence si vous êtes un beau mâle de
vingt ans, en fait) pour l'y accompagner ( le droit de la soutenir lors de son orgasme musical est d'ores et déjà accordé).
NB : si quelqu'un me trouve le nouvel album, je ... Je sais même pas tiens.
Dimanche 8 juin 2008 à 15:53
C'est terrible le bonheur tout de même. Alors qu'on ne demande plus rien parce qu'on passe sa vie à le demander, il nous tombe dessus, comme ,ça. Vlang. Et ça y est. On est heureux. On se prend à parler d'avenir. On se surprendre même à faire des projets, des projets, des photos en couleurs plutôt, des photos sur lesquelles on sourit, en plus de tout. Que demande le peuple ? D'avoir été prévenu, peut-être. Histoire de pas se retrouver comme un con devant le fait accompli après n'avoir attendu que ça durant tellement de temps. Et ouais, au final on n'est rien de plus qu'une bandes de cons. M'enfin. Vaut mieux être un imbécile heureux qu'un imbécile tout court.
Samedi 7 juin 2008 à 19:59
Quand je tape son nom dans google, mon blog n'est pas dans les premières pages. Ça n'est pas le premier. Comme avant. Et mine de rien, que cela ne me fasse rien me fait un bien fou.
Il était en retard. Comme toujours. Et moi j'étais bloquée avec l'autre Lui dans la gare du Nord.
- Non mais t'inquiète, je vais l'attendre. Plutôt sympa de t'avoir revu.
- J'ai le temps avant le concert.
- Ouais...
- Là tu n'as plus trop le temps.
- Non, et toi non plus d'ailleurs. Tu fais comment alors ?
- Je ne fais rien, il a mon billet.
- Viens avec moi : on t'en achètera un au black.
- J'ai pas de thunes.
- Moi si.
- Je te rembourserai.
- Je sais, tu n'es pas une voleuse...
- ...
Et voilà, c'était reparti pour un tour.
Il était en retard. Comme toujours. Et moi j'étais bloquée avec l'autre Lui dans la gare du Nord.
- Non mais t'inquiète, je vais l'attendre. Plutôt sympa de t'avoir revu.
- J'ai le temps avant le concert.
- Ouais...
- Là tu n'as plus trop le temps.
- Non, et toi non plus d'ailleurs. Tu fais comment alors ?
- Je ne fais rien, il a mon billet.
- Viens avec moi : on t'en achètera un au black.
- J'ai pas de thunes.
- Moi si.
- Je te rembourserai.
- Je sais, tu n'es pas une voleuse...
- ...
Et voilà, c'était reparti pour un tour.
Samedi 7 juin 2008 à 15:08
Si tu sais me dire à quoi rimera ma vie dans un an, je te réponds. Non ? Bah alors. Qu'est ce que tu viens m'enquiquiner entre Arras, Lille et Paris ? Entre la prépa, la fac ou l'école ? Je n'en sais rien. Toi non plus. Alors silence. Tais-toi. Parce que j'ai envie de tout exploser. Voir les autres décider et vivre n'arrange rien d'ailleurs. J'ai juste envie de partir. Donc bon.
Samedi 7 juin 2008 à 0:15
Songer à écrire sur Lui. Sur ces gens, tous, ceux qui le perdent. Qui ne s'en remettent jamais. Qui chaque jour doivent faire face à ses yeux marron/noirs, ses yeux qui ne se poseront plus sur eux. Même pas de haine. Elle est trop proche de l'amour. Non. De la déception et du mépris. Ces personnes ont mal. J'ai mal avec elles. Ca n'est pas normal. Qui a dit qu'il était normal ? Personne n'oserait. C'est juste faux. On paye toujours le prix de l'exception.
Vendredi 6 juin 2008 à 22:20
J'écris trop et je ne poste pas assez. J'écris mal, à l'encre noire sur un bloc-note, affalée dans l'un des sièges du théâtre, ma chanson dans les oreilles. Merci le ipod. Merci le casque. Je peux regarder les autres jouer tout en chantant. Et en écrivant donc. C'est assez étrange. Aujourd'hui j'ai pu faire des photos avec l'appareil argentique que je n'avais pas oublié. J'espère juste qu'elles seront réussies. Aujourd'hui les terminales ont terminé leur année. C'est le cas de le dire. J'en ai serré certains dans mes bras. J'ai eu les boules en les regardant s'éloigner sous la pluie, pour la dernière fois. Me dire que je finirai bien par les revoir, ouais. Mélodramatique tout de même. Je suis repartie avec une enveloppe, quelques mots de l'un, avec son porte-bonheur. De l'autre j'ai eu un bijou. Ils ne sont pas du genre à faire des cadeaux, pourtant. J'étais sans mot. Alors oui. Je les ai serré dans mes bras. A s'en péter quelques côtes. Chacun leur tour ils sont partis. Ils sont passés, comme ça, dans ma vie, depuis mai de l'an dernier. Mon année portera deux regrets, ces regrets portent leur prénom. J'ai intérêt à les croiser dans Lille l'an prochain. J'vous le dis.
Et à côté de ça, il y a tous les autres...
L'an prochain c'est mon tour et tant mieux.
Je ne supporterai pas un départ de plus. Je crois.
Et à côté de ça, il y a tous les autres...
L'an prochain c'est mon tour et tant mieux.
Je ne supporterai pas un départ de plus. Je crois.
Jeudi 5 juin 2008 à 21:11
Des soirs comme ça. Qui se multiplient les petits salopards. "Ca ira." mais je ne veux pas savoir que ça ira. Je veux que ça aille. En voir un. Que l'autre soit moins amoureux. Que le dernier s'oublie, les oublie et me laisse revenir. Alors oui. C'est du domaine du l'impossible dans l'immédiat. Donc le constat est là : ça ira. Et encore. Si j'ai de la chance. Je vais chanter je crois ce soir. Coller et découper. Des photos. Qui me font tagadatagadatsouintsouin. Sourire, vivre, sourire. Être. Le genre de photo que j'ai moi envie de prendre.
Jeudi 5 juin 2008 à 19:37
« Nous le peuple, dans le but de former une union plus parfaite.
Il y a deux cent vingt et un ans, un groupe d'hommes s'est rassemblé dans une salle qui existe toujours de l'autre côté de la rue, et avec ces simples mots, lança l'aventure inouïe de la démocratie américaine.
Agriculteurs et savants, hommes politiques et patriotes qui avaient traversé l'océan pour fuir la tyrannie et les persécutions, donnèrent enfin forme à leur déclaration d'indépendance lors d'une convention qui siégea à Philadelphie jusqu'au printemps 1787.
Ils finirent par signer le document rédigé, non encore achevé. Ce document portait le stigmate du péché originel de l'esclavage, un problème qui divisait les colonies et faillit faire échouer les travaux de la convention jusqu'à ce que les pères fondateurs décident de permettre le trafic des esclaves pendant encore au moins vingt ans, et de laisser aux générations futures le soin de l'achever.
Bien sûr, la réponse à la question de l'esclavage était déjà en germe dans notre constitution, une constitution dont l'idéal de l'égalité des citoyens devant la loi est le cœur, une constitution qui promettait à son peuple la liberté et la justice, et une union qui pouvait et devait être perfectionnée au fil du temps.
Et pourtant des mots sur un parchemin ne suffirent ni à libérer les esclaves de leurs chaînes, ni à donner aux hommes et aux femmes de toute couleur et de toute croyance leurs pleins droits et devoirs de citoyens des Etats-Unis
Il fallait encore que, de génération en génération, les Américains s'engagent —en luttant et protestant, dans la rue et dans les tribunaux, et en menant une guerre civile et une campagne de désobéissance civile, toujours en prenant de grands risques—, pour réduire l'écart entre la promesse de nos idéaux et la réalité de leur temps.
C'est l'une des tâches que nous nous sommes fixées au début de cette campagne —continuer la longue marche de ceux qui nous ont précédé, une marche pour une Amérique plus juste, plus égale, plus libre, plus généreuse et plus prospère.
J'ai choisi de me présenter aux élections présidentielles à ce moment de l'histoire parce que je crois profondément que nous ne pourrons résoudre les problèmes de notre temps que si nous les résolvons ensemble, que nous ne pourrons parfaire l'union que si nous comprenons que nous avons tous une histoire différente mais que nous partageons de mêmes espoirs, que nous ne sommes pas tous pareils et que nous ne venons pas du même endroit mais que nous voulons aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants.
Cette conviction me vient de ma foi inébranlable en la générosité et la dignité du peuple Américain. Elle me vient aussi de ma propre histoire d'Américain. Je suis le fils d'un noir du Kenya et d'une blanche du Kansas. J'ai été élevé par un grand-père qui a survécu à la Dépression et qui s'est engagé dans l'armée de Patton pendant la deuxième Guerre Mondiale, et une grand-mère blanche qui était ouvrière à la chaîne dans une usine de bombardiers quand son mari était en Europe.
J'ai fréquenté les meilleures écoles d'Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J'ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres, un héritage que nous avons transmis à nos deux chères filles.
J'ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents, et tant que je serai en vie, je n'oublierai jamais que mon histoire est inconcevable dans aucun autre pays.
C'est une histoire qui ne fait pas de moi le candidat le plus plausible. Mais c'est une histoire qui a gravé au plus profond de moi l'idée que cette nation est plus que la somme de ses parties, que de plusieurs nous ne faisons qu'un.
Tout au long de cette première année de campagne, envers et contre tous les pronostics, nous avons constaté à quel point les Américains avaient faim de ce message d'unité.
Bien que l'on soit tenté de juger ma candidature sur des critères purement raciaux, nous avons remporté des victoires impressionnantes dans les états les plus blancs du pays. En Caroline du Sud, où flotte encore le drapeau des Confédérés, nous avons construit une coalition puissante entre Afro-Américains et Américains blancs.
Cela ne veut pas dire que l'appartenance raciale n'a joué aucun rôle dans la campagne. A plusieurs reprises au cours de la campagne, des commentateurs m'ont trouvé ou « trop noir » ou « pas assez noir ».
Nous avons vu surgir des tensions raciales dans la semaine qui a précédé les primaires de la Caroline du Sud. Les médias ont épluché chaque résultat partiel, à la recherche de tout indice de polarisation raciale, pas seulement entre noirs et blancs mais aussi entre noirs et bruns.
Et pourtant ce n'est que ces deux dernières semaines que la question raciale est devenue un facteur de division.
D'un côté on a laissé entendre que ma candidature était en quelque sorte un exercice de discrimination positive, basé seulement sur le désir de libéraux [Ndt : gens de gauche] candides d'acheter à bon marché la réconciliation raciale.
D'un autre côté on a entendu mon ancien pasteur, le Rev. Jeremiah Wright, exprimer dans un langage incendiaire des opinions qui risquent non seulement de creuser le fossé entre les races mais aussi de porter atteinte à ce qu'il y a de grand et de bon dans notre pays. Voilà qui, à juste titre choque blancs et noirs confondus.
J'ai déjà condamné sans équivoque aucune les déclarations si controversées du Rev. Wright. Il reste des points qui en dérangent encore certains.
Est-ce que je savais qu'il pouvait à l'occasion dénoncer avec violence la politique américaine intérieure et étrangère ? Bien sûr. M'est-il arrivé de l'entendre dire des choses contestables quand j'étais dans son église ? Oui. Est-ce que je partage toutes ses opinions politiques ? Non, bien au contraire ! Tout comme j'en suis sûr beaucoup d'entre vous entendent vos pasteurs, prêtres ou rabbins proférer des opinions que vous êtes loin de partager.
Mais les déclarations à l'origine de ce récent tollé ne relevaient pas seulement de la polémique. Elles n'étaient pas que l'indignation d'un leader spirituel dénonçant les injustices ressenties.
Elles reflétaient plutôt une vue profondément erronée de ce pays —une vue qui voit du racisme blanc partout, une vue qui met l'accent sur ce qui va mal en Amérique plutôt que sur ce qui va bien. Une vue qui voit les racines des conflits du Moyen-Orient essentiellement dans les actions de solides alliés comme Israël, au lieu de les chercher dans les idéologies perverses et haineuses de l'Islam radical.
Le Rev. Jeremiah Wright ne fait pas que se tromper, ses propos sèment la discorde à un moment où nous devons trouver ensemble des solutions à nos énormes problèmes : deux guerres, une menace terroriste, une économie défaillante, une crise chronique du système de santé, un changement climatique aux conséquences désastreuses. Ces problèmes ne sont ni noirs ni blancs, ni hispaniques ni asiatiques mais ce sont des problèmes qui nous concernent tous.
Au vu de mon parcours, de mes choix politiques et des valeurs et idéaux auxquels j'adhère, on dira que je ne suis pas allé assez loin dans ma condamnation. Et d'abord pourquoi m'être associé avec le Rev. Jeremiah Wright, me demandera-t-on ? Pourquoi ne pas avoir changé d'église ?
J'avoue que si tout ce que je savais du Rev. Wright se résumait aux bribes de sermons qui passent en boucle à la télévision et sur YouTube, ou si la Trinity United Church of Christ ressemblait aux caricatures colportées par certains commentateurs, j'aurais réagi de même.
Mais le fait est que ce n'est pas tout ce que je sais de cet homme. L'homme que j'ai rencontré il y a plus de vingt ans est l'homme qui m'a éveillé à ma foi. Un homme pour qui aimer son prochain, prendre soin des malades et venir en aide aux miséreux est un devoir.
Voilà un homme qui a servi dans les Marines, qui a étudié et enseigné dans les meilleures universités et séminaires et qui pendant plus de trente ans a été à la tête d'une église, qui en se mettant au service de sa communauté accomplit l'œuvre de Dieu sur terre : loger les sans-abris, assister les nécessiteux, ouvrir des crèches, attribuer des bourses d'études, rendre visite aux prisonniers, réconforter les séropositifs et les malades atteints du sida.
Dans mon livre, Les Rêves de mon père, je décris mes premières impressions de l'église de la Trinity:
« L'assistance se mit à crier, à se lever, à taper des mains, et le vent puissant de son souffle emportait la voix du révérend jusqu'aux chevrons (...). Et dans ces simples notes — espoir ! — j'entendis autre chose. Au pied de cette croix, à l'intérieur des milliers d'églises réparties dans cette ville, je vis l'histoire de noirs ordinaires se fondre avec celles de David et Goliath, de Moïse et Pharaon, des chrétiens jetés dans la fosse aux lions, du champ d'os desséchés d'Ezékiel.
Ces histoires —de survie, de liberté, d'espoir— devenaient notre histoire, mon histoire ; le sang qui avait été versé était notre sang, les larmes étaient nos larmes. Cette église noire, en cette belle journée, était redevenue un navire qui transportait l'histoire d'un peuple jusqu'aux générations futures et jusque dans un monde plus grand.
Nos luttes et nos triomphes devenaient soudain uniques et universels, noirs et plus que noirs. En faisant la chronique de notre voyage, les histoires et les chants nous donnaient un moyen de revendiquer des souvenirs dont nous n'avions pas à avoir honte (…), des souvenirs que tout le monde pouvait étudier et chérir - et avec lesquels nous pouvions commencer à reconstruire. »
Telle a été ma première expérience à Trinity. Comme beaucoup d'églises majoritairement noires, Trinity est un microcosme de la communauté noire : on y voit le médecin et la mère assistée, l'étudiant modèle et le voyou repenti.
Comme toutes les autres églises noires, les services religieux de Trinity résonnent de rires tapageurs et de plaisanteries truculentes. Et ça danse, ça tape des mains, ça crie et ça hurle, ce qui peut paraître incongru à un nouveau venu
L'église contient toute la tendresse et la cruauté, l'intelligence l'extrême et l'ignorance crasse, les combats et les réussites, tout l'amour et, oui, l'amertume et les préjugés qui sont la somme de l'expérience noire en Amérique.
Et cela explique sans doute mes rapports avec le Rev. Wright. Si imparfait soit-il, je le considère comme un membre de ma famille. Il a raffermi ma foi, célébré mon mariage et baptisé mes enfants.
Jamais dans mes conversations avec lui ne l'ai-je entendu parler d'un groupe ethnique en termes péjoratifs, ou manquer de respect ou de courtoisie envers les blancs avec qui il a affaire. Il porte en lui les contradictions — le bon et le mauvais— de la communauté qu'il sert sans se ménager depuis tant d'années.
Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier la communauté noire, je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier ma grand-mère blanche, une femme qui a fait tant de sacrifices pour moi, une femme qui m'aime plus que tout au monde, mais aussi une femme qui m'avouait sa peur des noirs qu'elle croisait dans la rue et que, plus d'une fois, j'ai entendu faire des remarques racistes qui m'ont répugné.
Ces personnes sont une partie de moi. Et elles font partie de l'Amérique, ce pays que j'aime.
D'aucuns verront ici une tentative de justifier ou d'excuser des propos tout à fait inexcusables. Je peux vous assurer qu'il n'en est rien. Je suppose qu'il serait plus prudent, politiquement, de continuer comme si de rien n'était, en espérant que toute l'affaire sera vite oubliée.
Nous pourrions faire peu de cas du Rev. Wright, et ne voir en lui qu'un excentrique ou un démagogue, tout comme certains l'ont fait dans le cas de Geraldine Ferraro, l'accusant, à la suite de ses récentes déclarations, de préjugé racial.
Mais je crois que ce pays, aujourd'hui, ne peut pas se permettre d'ignorer la problématique de race. Nous commettrions la même erreur que le Rev. Wright dans ses sermons offensants sur l'Amérique —en simplifiant, en recourant à des stéréotypes et en accentuant les côtés négatifs au point de déformer la réalité.
Le fait est que les propos qui ont été tenus et les problèmes qui ont été soulevés ces dernières semaines reflètent les aspects complexes du problème racial que n'avons jamais vraiment explorés — une partie de notre union qui nous reste encore à parfaire.
Et si nous abandonnons maintenant pour revenir tout simplement à nos positions respectives, nous n'arriverons jamais à nous unir pour surmonter ensemble les défis que sont l'assurance maladie, l'éducation ou la création d'emplois pour chaque Américain.
Pour comprendre cet état de choses, il faut se rappeler comment on en est arrivé là. Comme l'a écrit William Faulkner : « Le passé n'est pas mort et enterré. En fait il n'est même pas passé. » Nul besoin ici de réciter l'histoire des injustices raciales dans ce pays
Mais devons nous rappeler que si tant de disparités existent dans la communauté afro-américaine d'aujourd'hui, c'est qu'elles proviennent en droite ligne des inégalités transmises par la génération précédente qui a souffert de l'héritage brutal de l'esclavage et de Jim Crow.
La ségrégation à l'école a produit et produit encore des écoles inférieures. Cinquante ans après Brown vs. The Board of Education, rien n'a changé et la qualité inférieure de l'éducation que dispensent ces écoles aide à expliquer les écarts de réussite entre les étudiants blancs et noirs d'aujourd'hui.
La légalisation de la discrimination —des noirs qu'on empêchait, souvent par des méthodes violentes, d'accéder a la propriété, des crédits que l'on accordait pas aux entrepreneurs afro-américains, des propriétaires noirs qui n'avaient pas droit aux prêts du FHA [Ndt : Federal Housing Administration, l'administration fédérale en charge du logement], des noirs exclus des syndicats, des forces de police ou des casernes de pompiers, a fait que les familles noires n'ont jamais pu accumuler un capital conséquent à transmettre aux générations futures.
Cette histoire explique l'écart de fortune et de revenus entre noirs et blancs et la concentration des poches de pauvreté qui persistent dans tant de communautés urbaines et rurales d'aujourd'hui.
Le manque de débouchés parmi les noirs, la honte et la frustration de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille ont contribué a la désintégration des familles noires —un problème que la politique d'aide sociale, pendant des années, a peut-être aggravée. Le manque de service publics de base dans un si grand nombre de quartiers noirs —des aires de jeux pour les enfants, des patrouilles de police, le ramassage régulier des ordures et l'application des codes d'urbanisme, tout cela a crée un cycle de violence, de gâchis et de négligences qui continue de nous hanter.
C'est la réalité dans laquelle le Rev. Wright et d'autres Afro-Américains de sa génération ont grandi. Ils sont devenus adultes à la fin des années 50 et au début des années 60, époque ou la ségrégation était encore en vigueur et les perspectives d'avenir systématiquement réduites.
Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas de voir combien ont renoncé devant la discrimination, mais plutôt combien ont réussi à surmonter les obstacles et combien ont su ouvrir la voie à ceux qui, comme moi, allaient les suivre.
Mais pour tous ceux qui ont bataillé dur pour se tailler une part du Rêve Américain, il y en a beaucoup qui n'y sont pas arrivés – ceux qui ont été vaincus, d'une façon ou d'une autre, par la discrimination.
L'expérience de l'échec a été léguée aux générations futures : ces jeunes hommes et, de plus en plus, ces jeunes femmes que l'on voit aux coins des rues ou au fond des prisons, sans espoir ni perspective d'avenir. Même pour les noirs qui s'en sont sortis, les questions de race et de racisme continuent de définir fondamentalement leur vision du monde.
Pour les hommes et les femmes de la génération du Rev. Wright, la mémoire de l'humiliation de la précarité et de la peur n'a pas disparu, pas plus que la colère et l'amertume de ces années.
Cette colère ne s'exprime peut-être pas en public, devant des collègues blancs ou des amis blancs. Mais elle trouve une voix chez le coiffeur ou autour de la table familiale. Parfois cette colère est exploitée par les hommes politiques pour gagner des voix en jouant la carte raciale, ou pour compenser leur propre incompétence.
Et il lui arrive aussi de trouver une voix, le dimanche matin à l'église, du haut de la chaire ou sur les bancs des fidèles. Le fait que tant de gens soient surpris d'entendre cette colère dans certains sermons du Rev. Wright nous rappelle le vieux truisme, à savoir que c'est à l'office du dimanche matin que la ségrégation est la plus évidente.
Cette colère n'est pas toujours une arme efficace. En effet, bien trop souvent, elle nous détourne de nos vrais problèmes, elle nous empêche de confronter notre part de responsabilité dans notre condition, et elle empêche la communauté afro-américaine de nouer les alliances indispensables à un changement véritable.
Mais cette colère est réelle, et elle est puissante, et de souhaiter qu'elle disparaisse, de la condamner sans en comprendre les racines ne sert qu'à creuser le fossé d'incompréhension qui existe entre les deux races.
Et de fait, il existe une colère similaire dans certaines parties de la communauté blanche. La plupart des Américains de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanche n'ont pas l'impression d'avoir été spécialement favorisés par leur appartenance raciale.
Leur expérience est l'expérience de l'immigrant —dans leur cas, ils n'ont hérité de personne, ils sont partis de rien. Ils ont travaillé dur toute leur vie, souvent pour voir leurs emplois délocalisés et leurs retraites partir en fumée.
Ils sont inquiets pour leur avenir, ils voient leurs rêves s'évanouir; à une époque de stagnation des salaires et de concurrence mondiale, les chances de s'en sortir deviennent comme un jeu de somme nulle où vos rêves se réalisent au dépens des miens.
Alors, quand on leur dit que leurs enfants sont affectés à une école à l'autre bout de la ville, quand on leur dit qu'un Afro-Américain qui décroche un bon job ou une place dans une bonne faculté est favorisé à cause d'une injustice qu'ils n'ont pas commise, quand on leur dit que leur peur de la délinquance dans les quartiers est une forme de préjugé, la rancœur s'accumule au fil du temps.
Comme la colère au sein de la communauté noire qui ne s'exprime pas en public, ces choses qui fâchent ne se disent pas non plus. Mais elles affectent le paysage politique depuis au moins une génération.
C'est la colère envers la politique d'assistance de l'Etat-Providence et la politique de discrimination positive qui ont donné naissance à la Coalition Reagan. Les hommes politiques ont systématiquement exploité la peur de l'insécurité à des fins électorales. Les présentateurs des talk-shows et les analystes conservateurs se sont bâti des carrières en débusquant des accusations de racisme bidon, tout en assimilant les débats légitimes sur les injustices et les inégalités raciales à du politiquement correct ou du racisme a rebours.
Tout comme la colère noire s'est souvent avérée contre-productive, la rancœur des blancs nous a aveuglés sur les véritables responsables de l'étranglement de la classe moyenne —une culture d'entreprise où les délits d'initiés, les pratiques comptables douteuses et la course aux gains rapides sont monnaie courante ; une capitale sous l'emprise des lobbies et des groupes de pression, une politique économique au service d'une minorité de privilégiés.
Et pourtant, souhaiter la disparition de cette rancœur des blancs, la qualifier d'inappropriée, voire de raciste, sans reconnaître qu'elle peut avoir des causes légitimes —voila aussi qui contribue à élargir la fracture raciale et faire en sorte que l'on n'arrive pas à se comprendre.
Voilà où nous en sommes actuellement : incapables depuis des années de nous extirper de l'impasse raciale. Contrairement aux dires de certains de mes critiques, blancs ou noirs, je n'ai jamais eu la naïveté de croire que nous pourrions régler nos différends raciaux en l'espace de quatre ans ou avec une seule candidature, qui plus est une candidature aussi imparfaite que la mienne.
Mais j'ai affirmé ma conviction profonde—une conviction ancrée dans ma foi en Dieu et ma foi dans le peuple américain—qu'en travaillant ensemble nous arriverons à panser nos vieilles blessures raciales et qu'en fait nous n'avons plus le choix si nous voulons continuer d'avancer dans la voie d'une union plus parfaite.
Pour la communauté afro-américaine, cela veut dire accepter le fardeau de notre passé sans en devenir les victimes, cela veut dire continuer d'exiger une vraie justice dans tous les aspects de la vie américaine. Mais cela veut aussi dire associer nos propres revendications –meilleure assurance maladie, meilleures écoles, meilleurs emplois—aux aspirations de tous les Américains, qu'il s'agisse de la blanche qui a du mal à briser le plafond de verre dans l'échelle hiérarchique, du blanc qui a été licencié ou de l'immigrant qui s'efforce de nourrir sa famille.
Cela veut dire aussi assumer pleinement nos responsabilités dans la vie — en exigeant davantage de nos pères, en passant plus de temps avec nos enfants, en leur faisant la lecture, en leur apprenant que même s'ils sont en butte aux difficultés et à la discrimination, ils ne doivent jamais succomber au désespoir et au cynisme : ils doivent toujours croire qu'ils peuvent être maîtres de leur destinée.
L'ironie, c'est que cette notion si fondamentalement américaine –et, oui, conservatrice—de l'effort personnel, on la retrouve souvent dans les sermons du Rev. Wright. Mais ce que mon ancien pasteur n'a pas compris, c'est qu'on ne peut pas chercher à s'aider soi-même sans aussi croire que la société peut changer.
L'erreur profonde du Rev. Wright n'est pas d'avoir parlé du racisme dans notre société. C'est d'en avoir parlé comme si rien n'avait changé, comme si nous n'avions pas accompli de progrès, comme si ce pays —un pays ou un noir peut être candidat au poste suprême et construire une coalition de blancs et de noirs, d'hispaniques et d'asiatiques, de riches et de pauvres, de jeunes et de vieux—était encore prisonnier de son passé tragique. Mais ce que nous savons – ce que nous avons vu—c'est que l'Amérique peut changer. C'est là le vrai génie de cette nation. Ce que nous avons déjà accompli nous donne de l'espoir —l'audace d'espérer —pour ce que nous pouvons et devons accomplir demain.
Pour ce qui est de la communauté blanche, la voie vers une union plus parfaite suppose de reconnaître que ce qui fait souffrir la communauté afro-américaine n'est pas le produit de l'imagination des noirs ; que l'héritage de la discrimination —et les épisodes actuels de discrimination, quoique moins manifestes que par le passé- sont bien réels et doivent être combattus.
Non seulement par les mots, mais par les actes —en investissant dans nos écoles et nos communautés ; en faisant respecter les droits civils et en garantissant une justice pénale plus équitable ; en donnant à cette génération les moyens de s'en sortir, ce qui faisait défaut aux générations précédentes.
Il faut que tous les Américains comprennent que vos rêves ne se réalisent pas forcément au détriment des miens ; qu'investir dans la santé, les programmes sociaux et l'éducation des enfants noirs, bruns et blancs contribuera à la prospérité de tous les Américains.
En fin de compte, ce que l'on attend de nous, ce n'est ni plus ni moins ce que toutes les grandes religions du monde exigent —que nous nous conduisions envers les autres comme nous aimerions qu'ils se conduisent envers nous. Soyons le gardien de notre frère, nous disent les Ecritures. Soyons le gardien de notre sœur. Trouvons ensemble cet enjeu commun qui nous soude les uns aux autres, et que notre politique reflète aussi l'esprit de ce projet.
Car nous avons un choix à faire dans ce pays. Nous pouvons accepter une politique qui engendre les divisions intercommunautaires, les conflits et le cynisme. Nous pouvons aborder le problème racial en voyeurs —comme pendant le procès d'O.J. Simpson —, sous un angle tragique – comme nous l'avons fait après Katrina – ou encore comme nourriture pour les journaux télévisés du soir. Nous pouvons exploiter la moindre bavure dans le camp d'Hillary comme preuve qu'elle joue la carte raciale, ou nous pouvons nous demander si les électeurs blancs voteront en masse pour John McCain en novembre, quel que soit son programme politique.
Oui, nous pouvons faire cela.
Mais dans ce cas, je vous garantis qu'aux prochaines élections nous trouverons un autre sujet de distraction. Et puis un autre. Et puis encore un autre. Et rien ne changera.
C'est une possibilité. Ou bien, maintenant, dans cette campagne, nous pouvons dire ensemble : « Cette fois, non ». Cette fois nous voulons parler des écoles délabrées qui dérobent leur avenir à nos enfants, les enfants noirs, les enfants blancs, les enfants asiatiques, les enfants hispaniques et les enfants amérindiens.
Cette fois nous ne voulons plus du cynisme qui nous répète que ces gosses sont incapables d'apprendre, que ces gosses qui nous ne ressemblent pas sont les problèmes de quelqu'un d'autre. Les enfants de l'Amérique ne sont pas ces gosses-là, mais ces gosses-là sont pourtant bien nos enfants, et nous ne tolérerons pas qu'ils soient laissés pour compte dans la société du vingt-et-unième siècle. Pas cette fois.
Cette fois nous voulons parler des files d'attente aux urgences peuplées de blancs, de noirs et d'hispaniques qui n'ont pas d'assurance santé, qui ne peuvent seuls s'attaquer aux groupes de pression mais qui pourront le faire si nous nous y mettons tous.
Cette fois nous voulons parler des usines qui ont fermé leurs portes et qui ont longtemps fait vivre honnêtement des hommes et des femmes de toute race, nous voulons parler de ces maisons qui sont maintenant à vendre et qui autrefois étaient les foyers d'Américains de toute religion, de toute région et de toute profession.
Cette fois nous voulons parler du fait que le vrai problème n'est pas que quelqu'un qui ne vous ressemble pas puisse vous prendre votre boulot, c'est que l'entreprise pour laquelle vous travaillez va délocaliser dans le seul but de faire du profit.
Cette fois, nous voulons parler des hommes et des femmes de toute couleur et de toute croyance qui servent ensemble, qui combattent ensemble et qui versent ensemble leur sang sous le même fier drapeau. Nous voulons parler du moyen de les ramener à la maison, venant d'une guerre qui n'aurait jamais dû être autorisée et qui n'aurait jamais dû avoir lieu, et nous voulons parler de la façon de montrer notre patriotisme en prenant soin d'eux et de leurs familles et en leur versant les allocations auxquelles ils ont droit.
Je ne me présenterais pas à l'élection présidentielle si je ne croyais pas du fond du cœur que c'est ce que veut l'immense majorité des Américains pour ce pays. Cette union ne sera peut-être jamais parfaite mais, génération après génération, elle a montré qu'elle pouvait se parfaire.
Et aujourd'hui, chaque fois que je me sens sceptique ou cynique quant à cette possibilité, ce qui me redonne le plus d'espoir est la génération à venir —ces jeunes dont les attitudes, les croyances et le sincère désir de changement sont déjà, dans cette élection, rentrés dans l'Histoire.
Il y a une histoire que j'aimerais partager avec vous aujourd'hui, une histoire que j'ai eu l'honneur de raconter lors de la commémoration de la naissance de Martin Luther King, dans sa paroisse, Ebenezer Baptist, à Atlanta.
Il y a une jeune blanche de 23 ans, du nom d'Ashley Baia, qui travaillait pour notre campagne à Florence, en Caroline du Sud. Depuis le début, elle a été chargée de mobiliser une communauté à majorité afro-américaine. Et un jour elle s'est trouvée à une table ronde où chacun, tour à tour, racontait son histoire et disait pourquoi il était là.
Et Ashley a dit que quand elle avait 9 ans sa maman a eu un cancer, et parce qu'elle avait manqué plusieurs jours de travail elle a été licenciée et a perdu son assurance maladie. Elle a dû se mettre en faillite personnelle et c'est là qu'Ashley s'est décidée à faire quelque chose pour aider sa maman.
Elle savait que ce qui coûtait le plus cher c'était d'acheter à manger, et donc Ashley a convaincu sa mère ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était des sandwichs moutarde-cornichons. Parce que c'était ce qu'il y avait de moins cher.
C'est ce qu'elle a mangé pendant un an, jusqu'à ce que sa maman aille mieux. Et elle a dit à tout le monde, à la table ronde, qu'elle s'était engagée dans la campagne pour aider les milliers d'autres enfants du pays qui eux aussi veulent et doivent aider leurs parents.
Ashley aurait pu agir différemment. Quelqu'un lui a peut être dit a un moment donné que la cause des ennuis de sa mère c'était soit les noirs qui, trop paresseux pour travailler, vivaient des allocations sociales, soit les hispaniques qui entraient clandestinement dans le pays. Mais ce n'est pas ce qu'elle a fait. Elle a cherché des alliés avec qui combattre l'injustice.
Bref, Ashley termine son histoire et demande a chacun pourquoi il s'est engagé dans la campagne. Ils ont tous des histoires et des raisons différentes. Il y en a beaucoup qui soulèvent un problème précis. Et pour finir, c'est le tour de ce vieillard noir qui n'a encore rien dit.
Et Ashley lui demande pourquoi il est là. Il ne soulève aucun point en particulier. Il ne parle ni de l'assurance maladie ni de l'économie. Il ne parle ni d'éducation ni de guerre. Il ne dit pas qu'il est venu à cause de Barack Obama. Il dit simplement : « Je suis ici à cause d'Ashley. »
« Je suis ici à cause d'Ashley ». A lui seul, ce déclic entre la jeune fille blanche et le vieillard noir ne suffit pas. Il ne suffit pas pour donner une assurance santé aux malades, du travail à ceux qui n'en n'ont pas et une éducation à nos enfants.
Mais c'est par là que nous démarrons. Par là que notre union se renforce. Et comme tant de générations l'ont compris tout au long des deux cent vingt et une années écoulées depuis que des patriotes ont signé ce document a Philadelphie, c'est par là que commence le travail de perfection. »
Traduction de Didier Rousseau et de Françoise Simon
Ammon & Rousseau Translations, New York
Il y a deux cent vingt et un ans, un groupe d'hommes s'est rassemblé dans une salle qui existe toujours de l'autre côté de la rue, et avec ces simples mots, lança l'aventure inouïe de la démocratie américaine.
Agriculteurs et savants, hommes politiques et patriotes qui avaient traversé l'océan pour fuir la tyrannie et les persécutions, donnèrent enfin forme à leur déclaration d'indépendance lors d'une convention qui siégea à Philadelphie jusqu'au printemps 1787.
Ils finirent par signer le document rédigé, non encore achevé. Ce document portait le stigmate du péché originel de l'esclavage, un problème qui divisait les colonies et faillit faire échouer les travaux de la convention jusqu'à ce que les pères fondateurs décident de permettre le trafic des esclaves pendant encore au moins vingt ans, et de laisser aux générations futures le soin de l'achever.
Bien sûr, la réponse à la question de l'esclavage était déjà en germe dans notre constitution, une constitution dont l'idéal de l'égalité des citoyens devant la loi est le cœur, une constitution qui promettait à son peuple la liberté et la justice, et une union qui pouvait et devait être perfectionnée au fil du temps.
Et pourtant des mots sur un parchemin ne suffirent ni à libérer les esclaves de leurs chaînes, ni à donner aux hommes et aux femmes de toute couleur et de toute croyance leurs pleins droits et devoirs de citoyens des Etats-Unis
Il fallait encore que, de génération en génération, les Américains s'engagent —en luttant et protestant, dans la rue et dans les tribunaux, et en menant une guerre civile et une campagne de désobéissance civile, toujours en prenant de grands risques—, pour réduire l'écart entre la promesse de nos idéaux et la réalité de leur temps.
C'est l'une des tâches que nous nous sommes fixées au début de cette campagne —continuer la longue marche de ceux qui nous ont précédé, une marche pour une Amérique plus juste, plus égale, plus libre, plus généreuse et plus prospère.
J'ai choisi de me présenter aux élections présidentielles à ce moment de l'histoire parce que je crois profondément que nous ne pourrons résoudre les problèmes de notre temps que si nous les résolvons ensemble, que nous ne pourrons parfaire l'union que si nous comprenons que nous avons tous une histoire différente mais que nous partageons de mêmes espoirs, que nous ne sommes pas tous pareils et que nous ne venons pas du même endroit mais que nous voulons aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et petits-enfants.
Cette conviction me vient de ma foi inébranlable en la générosité et la dignité du peuple Américain. Elle me vient aussi de ma propre histoire d'Américain. Je suis le fils d'un noir du Kenya et d'une blanche du Kansas. J'ai été élevé par un grand-père qui a survécu à la Dépression et qui s'est engagé dans l'armée de Patton pendant la deuxième Guerre Mondiale, et une grand-mère blanche qui était ouvrière à la chaîne dans une usine de bombardiers quand son mari était en Europe.
J'ai fréquenté les meilleures écoles d'Amérique et vécu dans un des pays les plus pauvres du monde. J'ai épousé une noire américaine qui porte en elle le sang des esclaves et de leurs maîtres, un héritage que nous avons transmis à nos deux chères filles.
J'ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents, et tant que je serai en vie, je n'oublierai jamais que mon histoire est inconcevable dans aucun autre pays.
C'est une histoire qui ne fait pas de moi le candidat le plus plausible. Mais c'est une histoire qui a gravé au plus profond de moi l'idée que cette nation est plus que la somme de ses parties, que de plusieurs nous ne faisons qu'un.
Tout au long de cette première année de campagne, envers et contre tous les pronostics, nous avons constaté à quel point les Américains avaient faim de ce message d'unité.
Bien que l'on soit tenté de juger ma candidature sur des critères purement raciaux, nous avons remporté des victoires impressionnantes dans les états les plus blancs du pays. En Caroline du Sud, où flotte encore le drapeau des Confédérés, nous avons construit une coalition puissante entre Afro-Américains et Américains blancs.
Cela ne veut pas dire que l'appartenance raciale n'a joué aucun rôle dans la campagne. A plusieurs reprises au cours de la campagne, des commentateurs m'ont trouvé ou « trop noir » ou « pas assez noir ».
Nous avons vu surgir des tensions raciales dans la semaine qui a précédé les primaires de la Caroline du Sud. Les médias ont épluché chaque résultat partiel, à la recherche de tout indice de polarisation raciale, pas seulement entre noirs et blancs mais aussi entre noirs et bruns.
Et pourtant ce n'est que ces deux dernières semaines que la question raciale est devenue un facteur de division.
D'un côté on a laissé entendre que ma candidature était en quelque sorte un exercice de discrimination positive, basé seulement sur le désir de libéraux [Ndt : gens de gauche] candides d'acheter à bon marché la réconciliation raciale.
D'un autre côté on a entendu mon ancien pasteur, le Rev. Jeremiah Wright, exprimer dans un langage incendiaire des opinions qui risquent non seulement de creuser le fossé entre les races mais aussi de porter atteinte à ce qu'il y a de grand et de bon dans notre pays. Voilà qui, à juste titre choque blancs et noirs confondus.
J'ai déjà condamné sans équivoque aucune les déclarations si controversées du Rev. Wright. Il reste des points qui en dérangent encore certains.
Est-ce que je savais qu'il pouvait à l'occasion dénoncer avec violence la politique américaine intérieure et étrangère ? Bien sûr. M'est-il arrivé de l'entendre dire des choses contestables quand j'étais dans son église ? Oui. Est-ce que je partage toutes ses opinions politiques ? Non, bien au contraire ! Tout comme j'en suis sûr beaucoup d'entre vous entendent vos pasteurs, prêtres ou rabbins proférer des opinions que vous êtes loin de partager.
Mais les déclarations à l'origine de ce récent tollé ne relevaient pas seulement de la polémique. Elles n'étaient pas que l'indignation d'un leader spirituel dénonçant les injustices ressenties.
Elles reflétaient plutôt une vue profondément erronée de ce pays —une vue qui voit du racisme blanc partout, une vue qui met l'accent sur ce qui va mal en Amérique plutôt que sur ce qui va bien. Une vue qui voit les racines des conflits du Moyen-Orient essentiellement dans les actions de solides alliés comme Israël, au lieu de les chercher dans les idéologies perverses et haineuses de l'Islam radical.
Le Rev. Jeremiah Wright ne fait pas que se tromper, ses propos sèment la discorde à un moment où nous devons trouver ensemble des solutions à nos énormes problèmes : deux guerres, une menace terroriste, une économie défaillante, une crise chronique du système de santé, un changement climatique aux conséquences désastreuses. Ces problèmes ne sont ni noirs ni blancs, ni hispaniques ni asiatiques mais ce sont des problèmes qui nous concernent tous.
Au vu de mon parcours, de mes choix politiques et des valeurs et idéaux auxquels j'adhère, on dira que je ne suis pas allé assez loin dans ma condamnation. Et d'abord pourquoi m'être associé avec le Rev. Jeremiah Wright, me demandera-t-on ? Pourquoi ne pas avoir changé d'église ?
J'avoue que si tout ce que je savais du Rev. Wright se résumait aux bribes de sermons qui passent en boucle à la télévision et sur YouTube, ou si la Trinity United Church of Christ ressemblait aux caricatures colportées par certains commentateurs, j'aurais réagi de même.
Mais le fait est que ce n'est pas tout ce que je sais de cet homme. L'homme que j'ai rencontré il y a plus de vingt ans est l'homme qui m'a éveillé à ma foi. Un homme pour qui aimer son prochain, prendre soin des malades et venir en aide aux miséreux est un devoir.
Voilà un homme qui a servi dans les Marines, qui a étudié et enseigné dans les meilleures universités et séminaires et qui pendant plus de trente ans a été à la tête d'une église, qui en se mettant au service de sa communauté accomplit l'œuvre de Dieu sur terre : loger les sans-abris, assister les nécessiteux, ouvrir des crèches, attribuer des bourses d'études, rendre visite aux prisonniers, réconforter les séropositifs et les malades atteints du sida.
Dans mon livre, Les Rêves de mon père, je décris mes premières impressions de l'église de la Trinity:
« L'assistance se mit à crier, à se lever, à taper des mains, et le vent puissant de son souffle emportait la voix du révérend jusqu'aux chevrons (...). Et dans ces simples notes — espoir ! — j'entendis autre chose. Au pied de cette croix, à l'intérieur des milliers d'églises réparties dans cette ville, je vis l'histoire de noirs ordinaires se fondre avec celles de David et Goliath, de Moïse et Pharaon, des chrétiens jetés dans la fosse aux lions, du champ d'os desséchés d'Ezékiel.
Ces histoires —de survie, de liberté, d'espoir— devenaient notre histoire, mon histoire ; le sang qui avait été versé était notre sang, les larmes étaient nos larmes. Cette église noire, en cette belle journée, était redevenue un navire qui transportait l'histoire d'un peuple jusqu'aux générations futures et jusque dans un monde plus grand.
Nos luttes et nos triomphes devenaient soudain uniques et universels, noirs et plus que noirs. En faisant la chronique de notre voyage, les histoires et les chants nous donnaient un moyen de revendiquer des souvenirs dont nous n'avions pas à avoir honte (…), des souvenirs que tout le monde pouvait étudier et chérir - et avec lesquels nous pouvions commencer à reconstruire. »
Telle a été ma première expérience à Trinity. Comme beaucoup d'églises majoritairement noires, Trinity est un microcosme de la communauté noire : on y voit le médecin et la mère assistée, l'étudiant modèle et le voyou repenti.
Comme toutes les autres églises noires, les services religieux de Trinity résonnent de rires tapageurs et de plaisanteries truculentes. Et ça danse, ça tape des mains, ça crie et ça hurle, ce qui peut paraître incongru à un nouveau venu
L'église contient toute la tendresse et la cruauté, l'intelligence l'extrême et l'ignorance crasse, les combats et les réussites, tout l'amour et, oui, l'amertume et les préjugés qui sont la somme de l'expérience noire en Amérique.
Et cela explique sans doute mes rapports avec le Rev. Wright. Si imparfait soit-il, je le considère comme un membre de ma famille. Il a raffermi ma foi, célébré mon mariage et baptisé mes enfants.
Jamais dans mes conversations avec lui ne l'ai-je entendu parler d'un groupe ethnique en termes péjoratifs, ou manquer de respect ou de courtoisie envers les blancs avec qui il a affaire. Il porte en lui les contradictions — le bon et le mauvais— de la communauté qu'il sert sans se ménager depuis tant d'années.
Je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier la communauté noire, je ne peux pas plus le renier que je ne peux renier ma grand-mère blanche, une femme qui a fait tant de sacrifices pour moi, une femme qui m'aime plus que tout au monde, mais aussi une femme qui m'avouait sa peur des noirs qu'elle croisait dans la rue et que, plus d'une fois, j'ai entendu faire des remarques racistes qui m'ont répugné.
Ces personnes sont une partie de moi. Et elles font partie de l'Amérique, ce pays que j'aime.
D'aucuns verront ici une tentative de justifier ou d'excuser des propos tout à fait inexcusables. Je peux vous assurer qu'il n'en est rien. Je suppose qu'il serait plus prudent, politiquement, de continuer comme si de rien n'était, en espérant que toute l'affaire sera vite oubliée.
Nous pourrions faire peu de cas du Rev. Wright, et ne voir en lui qu'un excentrique ou un démagogue, tout comme certains l'ont fait dans le cas de Geraldine Ferraro, l'accusant, à la suite de ses récentes déclarations, de préjugé racial.
Mais je crois que ce pays, aujourd'hui, ne peut pas se permettre d'ignorer la problématique de race. Nous commettrions la même erreur que le Rev. Wright dans ses sermons offensants sur l'Amérique —en simplifiant, en recourant à des stéréotypes et en accentuant les côtés négatifs au point de déformer la réalité.
Le fait est que les propos qui ont été tenus et les problèmes qui ont été soulevés ces dernières semaines reflètent les aspects complexes du problème racial que n'avons jamais vraiment explorés — une partie de notre union qui nous reste encore à parfaire.
Et si nous abandonnons maintenant pour revenir tout simplement à nos positions respectives, nous n'arriverons jamais à nous unir pour surmonter ensemble les défis que sont l'assurance maladie, l'éducation ou la création d'emplois pour chaque Américain.
Pour comprendre cet état de choses, il faut se rappeler comment on en est arrivé là. Comme l'a écrit William Faulkner : « Le passé n'est pas mort et enterré. En fait il n'est même pas passé. » Nul besoin ici de réciter l'histoire des injustices raciales dans ce pays
Mais devons nous rappeler que si tant de disparités existent dans la communauté afro-américaine d'aujourd'hui, c'est qu'elles proviennent en droite ligne des inégalités transmises par la génération précédente qui a souffert de l'héritage brutal de l'esclavage et de Jim Crow.
La ségrégation à l'école a produit et produit encore des écoles inférieures. Cinquante ans après Brown vs. The Board of Education, rien n'a changé et la qualité inférieure de l'éducation que dispensent ces écoles aide à expliquer les écarts de réussite entre les étudiants blancs et noirs d'aujourd'hui.
La légalisation de la discrimination —des noirs qu'on empêchait, souvent par des méthodes violentes, d'accéder a la propriété, des crédits que l'on accordait pas aux entrepreneurs afro-américains, des propriétaires noirs qui n'avaient pas droit aux prêts du FHA [Ndt : Federal Housing Administration, l'administration fédérale en charge du logement], des noirs exclus des syndicats, des forces de police ou des casernes de pompiers, a fait que les familles noires n'ont jamais pu accumuler un capital conséquent à transmettre aux générations futures.
Cette histoire explique l'écart de fortune et de revenus entre noirs et blancs et la concentration des poches de pauvreté qui persistent dans tant de communautés urbaines et rurales d'aujourd'hui.
Le manque de débouchés parmi les noirs, la honte et la frustration de ne pouvoir subvenir aux besoins de sa famille ont contribué a la désintégration des familles noires —un problème que la politique d'aide sociale, pendant des années, a peut-être aggravée. Le manque de service publics de base dans un si grand nombre de quartiers noirs —des aires de jeux pour les enfants, des patrouilles de police, le ramassage régulier des ordures et l'application des codes d'urbanisme, tout cela a crée un cycle de violence, de gâchis et de négligences qui continue de nous hanter.
C'est la réalité dans laquelle le Rev. Wright et d'autres Afro-Américains de sa génération ont grandi. Ils sont devenus adultes à la fin des années 50 et au début des années 60, époque ou la ségrégation était encore en vigueur et les perspectives d'avenir systématiquement réduites.
Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas de voir combien ont renoncé devant la discrimination, mais plutôt combien ont réussi à surmonter les obstacles et combien ont su ouvrir la voie à ceux qui, comme moi, allaient les suivre.
Mais pour tous ceux qui ont bataillé dur pour se tailler une part du Rêve Américain, il y en a beaucoup qui n'y sont pas arrivés – ceux qui ont été vaincus, d'une façon ou d'une autre, par la discrimination.
L'expérience de l'échec a été léguée aux générations futures : ces jeunes hommes et, de plus en plus, ces jeunes femmes que l'on voit aux coins des rues ou au fond des prisons, sans espoir ni perspective d'avenir. Même pour les noirs qui s'en sont sortis, les questions de race et de racisme continuent de définir fondamentalement leur vision du monde.
Pour les hommes et les femmes de la génération du Rev. Wright, la mémoire de l'humiliation de la précarité et de la peur n'a pas disparu, pas plus que la colère et l'amertume de ces années.
Cette colère ne s'exprime peut-être pas en public, devant des collègues blancs ou des amis blancs. Mais elle trouve une voix chez le coiffeur ou autour de la table familiale. Parfois cette colère est exploitée par les hommes politiques pour gagner des voix en jouant la carte raciale, ou pour compenser leur propre incompétence.
Et il lui arrive aussi de trouver une voix, le dimanche matin à l'église, du haut de la chaire ou sur les bancs des fidèles. Le fait que tant de gens soient surpris d'entendre cette colère dans certains sermons du Rev. Wright nous rappelle le vieux truisme, à savoir que c'est à l'office du dimanche matin que la ségrégation est la plus évidente.
Cette colère n'est pas toujours une arme efficace. En effet, bien trop souvent, elle nous détourne de nos vrais problèmes, elle nous empêche de confronter notre part de responsabilité dans notre condition, et elle empêche la communauté afro-américaine de nouer les alliances indispensables à un changement véritable.
Mais cette colère est réelle, et elle est puissante, et de souhaiter qu'elle disparaisse, de la condamner sans en comprendre les racines ne sert qu'à creuser le fossé d'incompréhension qui existe entre les deux races.
Et de fait, il existe une colère similaire dans certaines parties de la communauté blanche. La plupart des Américains de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanche n'ont pas l'impression d'avoir été spécialement favorisés par leur appartenance raciale.
Leur expérience est l'expérience de l'immigrant —dans leur cas, ils n'ont hérité de personne, ils sont partis de rien. Ils ont travaillé dur toute leur vie, souvent pour voir leurs emplois délocalisés et leurs retraites partir en fumée.
Ils sont inquiets pour leur avenir, ils voient leurs rêves s'évanouir; à une époque de stagnation des salaires et de concurrence mondiale, les chances de s'en sortir deviennent comme un jeu de somme nulle où vos rêves se réalisent au dépens des miens.
Alors, quand on leur dit que leurs enfants sont affectés à une école à l'autre bout de la ville, quand on leur dit qu'un Afro-Américain qui décroche un bon job ou une place dans une bonne faculté est favorisé à cause d'une injustice qu'ils n'ont pas commise, quand on leur dit que leur peur de la délinquance dans les quartiers est une forme de préjugé, la rancœur s'accumule au fil du temps.
Comme la colère au sein de la communauté noire qui ne s'exprime pas en public, ces choses qui fâchent ne se disent pas non plus. Mais elles affectent le paysage politique depuis au moins une génération.
C'est la colère envers la politique d'assistance de l'Etat-Providence et la politique de discrimination positive qui ont donné naissance à la Coalition Reagan. Les hommes politiques ont systématiquement exploité la peur de l'insécurité à des fins électorales. Les présentateurs des talk-shows et les analystes conservateurs se sont bâti des carrières en débusquant des accusations de racisme bidon, tout en assimilant les débats légitimes sur les injustices et les inégalités raciales à du politiquement correct ou du racisme a rebours.
Tout comme la colère noire s'est souvent avérée contre-productive, la rancœur des blancs nous a aveuglés sur les véritables responsables de l'étranglement de la classe moyenne —une culture d'entreprise où les délits d'initiés, les pratiques comptables douteuses et la course aux gains rapides sont monnaie courante ; une capitale sous l'emprise des lobbies et des groupes de pression, une politique économique au service d'une minorité de privilégiés.
Et pourtant, souhaiter la disparition de cette rancœur des blancs, la qualifier d'inappropriée, voire de raciste, sans reconnaître qu'elle peut avoir des causes légitimes —voila aussi qui contribue à élargir la fracture raciale et faire en sorte que l'on n'arrive pas à se comprendre.
Voilà où nous en sommes actuellement : incapables depuis des années de nous extirper de l'impasse raciale. Contrairement aux dires de certains de mes critiques, blancs ou noirs, je n'ai jamais eu la naïveté de croire que nous pourrions régler nos différends raciaux en l'espace de quatre ans ou avec une seule candidature, qui plus est une candidature aussi imparfaite que la mienne.
Mais j'ai affirmé ma conviction profonde—une conviction ancrée dans ma foi en Dieu et ma foi dans le peuple américain—qu'en travaillant ensemble nous arriverons à panser nos vieilles blessures raciales et qu'en fait nous n'avons plus le choix si nous voulons continuer d'avancer dans la voie d'une union plus parfaite.
Pour la communauté afro-américaine, cela veut dire accepter le fardeau de notre passé sans en devenir les victimes, cela veut dire continuer d'exiger une vraie justice dans tous les aspects de la vie américaine. Mais cela veut aussi dire associer nos propres revendications –meilleure assurance maladie, meilleures écoles, meilleurs emplois—aux aspirations de tous les Américains, qu'il s'agisse de la blanche qui a du mal à briser le plafond de verre dans l'échelle hiérarchique, du blanc qui a été licencié ou de l'immigrant qui s'efforce de nourrir sa famille.
Cela veut dire aussi assumer pleinement nos responsabilités dans la vie — en exigeant davantage de nos pères, en passant plus de temps avec nos enfants, en leur faisant la lecture, en leur apprenant que même s'ils sont en butte aux difficultés et à la discrimination, ils ne doivent jamais succomber au désespoir et au cynisme : ils doivent toujours croire qu'ils peuvent être maîtres de leur destinée.
L'ironie, c'est que cette notion si fondamentalement américaine –et, oui, conservatrice—de l'effort personnel, on la retrouve souvent dans les sermons du Rev. Wright. Mais ce que mon ancien pasteur n'a pas compris, c'est qu'on ne peut pas chercher à s'aider soi-même sans aussi croire que la société peut changer.
L'erreur profonde du Rev. Wright n'est pas d'avoir parlé du racisme dans notre société. C'est d'en avoir parlé comme si rien n'avait changé, comme si nous n'avions pas accompli de progrès, comme si ce pays —un pays ou un noir peut être candidat au poste suprême et construire une coalition de blancs et de noirs, d'hispaniques et d'asiatiques, de riches et de pauvres, de jeunes et de vieux—était encore prisonnier de son passé tragique. Mais ce que nous savons – ce que nous avons vu—c'est que l'Amérique peut changer. C'est là le vrai génie de cette nation. Ce que nous avons déjà accompli nous donne de l'espoir —l'audace d'espérer —pour ce que nous pouvons et devons accomplir demain.
Pour ce qui est de la communauté blanche, la voie vers une union plus parfaite suppose de reconnaître que ce qui fait souffrir la communauté afro-américaine n'est pas le produit de l'imagination des noirs ; que l'héritage de la discrimination —et les épisodes actuels de discrimination, quoique moins manifestes que par le passé- sont bien réels et doivent être combattus.
Non seulement par les mots, mais par les actes —en investissant dans nos écoles et nos communautés ; en faisant respecter les droits civils et en garantissant une justice pénale plus équitable ; en donnant à cette génération les moyens de s'en sortir, ce qui faisait défaut aux générations précédentes.
Il faut que tous les Américains comprennent que vos rêves ne se réalisent pas forcément au détriment des miens ; qu'investir dans la santé, les programmes sociaux et l'éducation des enfants noirs, bruns et blancs contribuera à la prospérité de tous les Américains.
En fin de compte, ce que l'on attend de nous, ce n'est ni plus ni moins ce que toutes les grandes religions du monde exigent —que nous nous conduisions envers les autres comme nous aimerions qu'ils se conduisent envers nous. Soyons le gardien de notre frère, nous disent les Ecritures. Soyons le gardien de notre sœur. Trouvons ensemble cet enjeu commun qui nous soude les uns aux autres, et que notre politique reflète aussi l'esprit de ce projet.
Car nous avons un choix à faire dans ce pays. Nous pouvons accepter une politique qui engendre les divisions intercommunautaires, les conflits et le cynisme. Nous pouvons aborder le problème racial en voyeurs —comme pendant le procès d'O.J. Simpson —, sous un angle tragique – comme nous l'avons fait après Katrina – ou encore comme nourriture pour les journaux télévisés du soir. Nous pouvons exploiter la moindre bavure dans le camp d'Hillary comme preuve qu'elle joue la carte raciale, ou nous pouvons nous demander si les électeurs blancs voteront en masse pour John McCain en novembre, quel que soit son programme politique.
Oui, nous pouvons faire cela.
Mais dans ce cas, je vous garantis qu'aux prochaines élections nous trouverons un autre sujet de distraction. Et puis un autre. Et puis encore un autre. Et rien ne changera.
C'est une possibilité. Ou bien, maintenant, dans cette campagne, nous pouvons dire ensemble : « Cette fois, non ». Cette fois nous voulons parler des écoles délabrées qui dérobent leur avenir à nos enfants, les enfants noirs, les enfants blancs, les enfants asiatiques, les enfants hispaniques et les enfants amérindiens.
Cette fois nous ne voulons plus du cynisme qui nous répète que ces gosses sont incapables d'apprendre, que ces gosses qui nous ne ressemblent pas sont les problèmes de quelqu'un d'autre. Les enfants de l'Amérique ne sont pas ces gosses-là, mais ces gosses-là sont pourtant bien nos enfants, et nous ne tolérerons pas qu'ils soient laissés pour compte dans la société du vingt-et-unième siècle. Pas cette fois.
Cette fois nous voulons parler des files d'attente aux urgences peuplées de blancs, de noirs et d'hispaniques qui n'ont pas d'assurance santé, qui ne peuvent seuls s'attaquer aux groupes de pression mais qui pourront le faire si nous nous y mettons tous.
Cette fois nous voulons parler des usines qui ont fermé leurs portes et qui ont longtemps fait vivre honnêtement des hommes et des femmes de toute race, nous voulons parler de ces maisons qui sont maintenant à vendre et qui autrefois étaient les foyers d'Américains de toute religion, de toute région et de toute profession.
Cette fois nous voulons parler du fait que le vrai problème n'est pas que quelqu'un qui ne vous ressemble pas puisse vous prendre votre boulot, c'est que l'entreprise pour laquelle vous travaillez va délocaliser dans le seul but de faire du profit.
Cette fois, nous voulons parler des hommes et des femmes de toute couleur et de toute croyance qui servent ensemble, qui combattent ensemble et qui versent ensemble leur sang sous le même fier drapeau. Nous voulons parler du moyen de les ramener à la maison, venant d'une guerre qui n'aurait jamais dû être autorisée et qui n'aurait jamais dû avoir lieu, et nous voulons parler de la façon de montrer notre patriotisme en prenant soin d'eux et de leurs familles et en leur versant les allocations auxquelles ils ont droit.
Je ne me présenterais pas à l'élection présidentielle si je ne croyais pas du fond du cœur que c'est ce que veut l'immense majorité des Américains pour ce pays. Cette union ne sera peut-être jamais parfaite mais, génération après génération, elle a montré qu'elle pouvait se parfaire.
Et aujourd'hui, chaque fois que je me sens sceptique ou cynique quant à cette possibilité, ce qui me redonne le plus d'espoir est la génération à venir —ces jeunes dont les attitudes, les croyances et le sincère désir de changement sont déjà, dans cette élection, rentrés dans l'Histoire.
Il y a une histoire que j'aimerais partager avec vous aujourd'hui, une histoire que j'ai eu l'honneur de raconter lors de la commémoration de la naissance de Martin Luther King, dans sa paroisse, Ebenezer Baptist, à Atlanta.
Il y a une jeune blanche de 23 ans, du nom d'Ashley Baia, qui travaillait pour notre campagne à Florence, en Caroline du Sud. Depuis le début, elle a été chargée de mobiliser une communauté à majorité afro-américaine. Et un jour elle s'est trouvée à une table ronde où chacun, tour à tour, racontait son histoire et disait pourquoi il était là.
Et Ashley a dit que quand elle avait 9 ans sa maman a eu un cancer, et parce qu'elle avait manqué plusieurs jours de travail elle a été licenciée et a perdu son assurance maladie. Elle a dû se mettre en faillite personnelle et c'est là qu'Ashley s'est décidée à faire quelque chose pour aider sa maman.
Elle savait que ce qui coûtait le plus cher c'était d'acheter à manger, et donc Ashley a convaincu sa mère ce qu'elle aimait par-dessus tout, c'était des sandwichs moutarde-cornichons. Parce que c'était ce qu'il y avait de moins cher.
C'est ce qu'elle a mangé pendant un an, jusqu'à ce que sa maman aille mieux. Et elle a dit à tout le monde, à la table ronde, qu'elle s'était engagée dans la campagne pour aider les milliers d'autres enfants du pays qui eux aussi veulent et doivent aider leurs parents.
Ashley aurait pu agir différemment. Quelqu'un lui a peut être dit a un moment donné que la cause des ennuis de sa mère c'était soit les noirs qui, trop paresseux pour travailler, vivaient des allocations sociales, soit les hispaniques qui entraient clandestinement dans le pays. Mais ce n'est pas ce qu'elle a fait. Elle a cherché des alliés avec qui combattre l'injustice.
Bref, Ashley termine son histoire et demande a chacun pourquoi il s'est engagé dans la campagne. Ils ont tous des histoires et des raisons différentes. Il y en a beaucoup qui soulèvent un problème précis. Et pour finir, c'est le tour de ce vieillard noir qui n'a encore rien dit.
Et Ashley lui demande pourquoi il est là. Il ne soulève aucun point en particulier. Il ne parle ni de l'assurance maladie ni de l'économie. Il ne parle ni d'éducation ni de guerre. Il ne dit pas qu'il est venu à cause de Barack Obama. Il dit simplement : « Je suis ici à cause d'Ashley. »
« Je suis ici à cause d'Ashley ». A lui seul, ce déclic entre la jeune fille blanche et le vieillard noir ne suffit pas. Il ne suffit pas pour donner une assurance santé aux malades, du travail à ceux qui n'en n'ont pas et une éducation à nos enfants.
Mais c'est par là que nous démarrons. Par là que notre union se renforce. Et comme tant de générations l'ont compris tout au long des deux cent vingt et une années écoulées depuis que des patriotes ont signé ce document a Philadelphie, c'est par là que commence le travail de perfection. »
Traduction de Didier Rousseau et de Françoise Simon
Ammon & Rousseau Translations, New York
Jeudi 5 juin 2008 à 19:05
Toutes les questions possibles et imaginables me passaient dans la tête. Pourquoi j'étais là ? Comment j'en étais arrivée là ? Qu'est ce que je pouvais bien espérer ? Pourtant ça n'était pas un moment de panique. Juste. Du désespoir je crois, au moins une immense tristesse, juste parce que j'étais incrédule. Beaucoup trop incrédule. Beaucoup trop près. Pour y croire encore. Les choses se précisaient et je ne savais pas avancer. Ni mentalement ni physiquement. Barrière psychologique qu'on appelle ça. Ne pas oser réaliser. Et puis, après s'être rapproché, il m'a embrassée, pour de bon. Alors voilà. Y'a eu comme une vide dans ma tête. Mon coeur et mon ventre étaient au bord de l'implosion. Comme un état second. Ça n'était pas un rêve.