Dimanche 6 avril 2008 à 22:24

Ne songer à rien. Aller chercher le gilet noir, parce que j'ai froid. Aller chercher le casque, parce que c'est moi qui écoute le piano. Personne d'autre. Ouvrir WordPad par automatisme, ne pas vraiment entendre les doigts sur le clavier grâce au casque. Trouver génial de voir ces lettres apparaître sur l'écran sans en entendre le bruit. Presque par magie. C'est de la magie d'ailleurs, puisque de toute manière je ne sens plus mes doigts. Sentir mon corps qui court un peu partout dans mon cœur sauf à la place qui lui est normalement attribuée. Resonger aux choses, aux gens, aux sourires, aux larmes, aux éclats de rires. Tout au pluriel. Parce que sans lui la vie est tellement fade. Vouloir le rejoindre par moment, ce pluriel, celui qui est parti. Laisser le doute planer. Fermer les yeux. Et revoir la place, derrière la mairie, entendre à nouveau les notes de musique. Revoir surtout cette fuite qui n'en était pas encore une, à vélo, alors que je me demandais pourquoi ils étaient tous réunis, gravement, en cercle, au beau milieu du passage. Passer à un autre souvenir, plus récent. Ce matin d'avril. Du trois d'ailleurs. Ce matin aux fautes d'orthographe dont je me fiche. Ce matin énervé, où il ne fallait pas venir troubler ma tranquillité, dans le bus ou ailleurs. Ce matin où une fille tentait de se rappeler ce qu'elle avait voulu oublier tant de fois. Même si elle le savait encore parfaitement. Mais il fallait semblant de trouve cela difficile, suivre sa logique jusqu'au bout. C'est vrai que les notes étaient un peu parties, la voix ne s'y pose plus comme avant. Avec la technique et la connaissance. Elle a fini par s'enregistrer tout de même, en ayant changé de place, assise sur le béton humide, dehors, là où le temps est vrai. C'est alors qu'elle a perdu l'émotion supplémentaire. Ça n'était plus qu'une chanson. Ou presque. Le temps de la chanter elle devait devenir autre chose. Ou bien tout allait déborder. Il ne fallait pas que cela déborde, je pense. Cette chanson qui la creuse. De fond en comble. A en devenir aveugle et muette. Tout est à l'intérieur. Quel besoin de l'exprimer ? Les images défilent sous ses paupières fermées. Les mots les suivent, toujours dans la même obscurité. Tout est vain. Sauf ces quelques notes de piano. Qui marquent un début, qui marquent une fin, qui marquent une vie enlevée, qui marque une vie anticipée... Qui marquent. Se relire, malgré tout. Trouver une nouvelle fois un lapsus :"Sentir mon corps qui court un peu partout dans mon cœur..." et alors. C'est bien comme ça aussi. Ça n'a pas à être bien d'ailleurs. C'est ainsi. Un début de soupir qui n'ira pas jusqu'au bout. Une main sur le ventre. Une main sur la main. Après. On y sera après.

Par MavangElle le Dimanche 6 avril 2008 à 22:51
Tu es passée en début d'après midi. Me voici en fin de soirée. Comme quoi, ça se complète plutôt bien. Le dimanche est un jour autre. Je suis toujours soulagée de le voir se terminer. La vie se remet en marche.
Une bonne nuit donc, qu'elle soit entamée ou non.

Au plaisir.
 

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