Le soleil, les arbres dont je ne connais pas le nom, les pins mis à part. Et cette chose extraordinairement inhabituelle : la mer. La mer dont je rêve souvent, pour le Nord, Amsterdam, pour la Manche et l'Angleterre, pour l'Atlantique et mes souvenirs de la côte. J'avais appris à désaimer la Méditerranée. Alors qu'elle m'apparaît plus belle que jamais à travers la fenêtre du TGV. Je pianote à nouveau sur mon clavier comme j'aimerais le faire sur un piano. Nous venons de passer une petite, ou une grande, je n'en sais rien,baie. Il y avait un surfeur. Et le soleil de cet hiver qui n'en est plus un se reflétant sur des vagues ridicules comparées à celles de mes origines. Les rochers, les monts, les falaises. toutes ces altitudes qui ne me sont pas familères. J'ai relu Tchekhov. C'est mon anniversaire. Aujourd'hui j'ai 18 ans, et au lieu de les fêter en famille, dans le Nord, où il fait -3 et où je me balladerais en écharge, je suis dans un TGV. Espace tranquille, il fait bon et le soleil inonde la voiture. Je suis en t-shirt. J'ai eu comme un gâteau un petit pain au chocolat flanquée d'une bougie trop grande pour lui, et je ris et bavarde avec deux illustres inconnus. Pendant que les camarades de Paris assistent au débat, j'admire les maisons et les coteaux de vigne. Je n'ai jamais trouvé ma vie aussi merveilleuse. Comme la Mer.
Nous venons d'entrapercevoir des falaises juste au moment où j'allais poster. Elles n'ont pas la beauté mordante et orgueilleuse de leurs consoeurs septentrionales. Mais je suis béate d'admiration et de reconnaissance.
Les deux appels de mon coeur et de mon sang.