Bien sûr que oui, elle en avait peur. Du vide. De ce foutu vide. Du noir en fait. De cette absence de tout dans laquelle elle ne pouvait se raccrocher qu'à ses propres images, souvenirs ou fantasmes. Elle y voyait tous les coups qu'elle avait pris, tous ceux qu'elle allait prendre. Et fermer les yeux n'y changeait rien. A quoi bon. Par éclairs, comme autant de gifles. Tu sens la douleur ? Celle-là est bien réelle, celle-là n'admet ni excuse ni transition. Elle arrive, implacable. Pourquoi abstraire ? Parce que dans le miroir il n'y avait rien d'autre qu'une réalité qu'elle ne pouvait pas regarder. Qu'elle refusait autant qu'elle se refusait à elle. Le visage meurtri, les membres douloureux, la poitrine fracturée, le coeur piétiné. L'obscurité cachait seulement. L'oubli n'était pas permis, l'oubli comme la perte de soi. L'inconscience pour se savoir exister encore. Elle désirait l'insoutenable. Le reflet était celui de celle qu'elle ne s'était pas vue devenir, elle devinait.
L'aveugle n'ouvrait pas les yeux car elle ne pouvait plus voir l'indicible.
L'aveugle n'ouvrait pas les yeux car elle ne pouvait plus voir l'indicible.