Mardi 13 février 2007 à 20:59

Il est 20h44. Heure du décès : 20h30.

"Quelqu'un est allé chercher le courrier aujourd'hui ?"

"..."

"Et hier ?"

"..."

Pas grave j'y vais avec entrain, j'aimer courir jusqu'à la boîte aux lettres pour ramasser les enveloppes.
Je sors par la petite porte, dehors il fait bien noir, un regard lancé à mon ami Orion, c'est bien il ne fait pas trop froid. J'ai la petite clé dans la main. Il faut escalader la grille, je préfère ça à farfouiller pendant 10 minutes pour ouvrir le cadenas. Et j'avoue aussi que j'adore escalader cette grille. Elle surement moi, elle grince un peu plus à chaque fois.

J'ouvre la boîte verte, 5 enveloppes : une brochure de vacances, une facture, une lettre officielle, et deux  petites enveloppes, bien lourdes.
Je commence à être intriguée et me dépêche de revenir à l'intérieur. Une fois dans le garage, n'y tenant plus, j'allume la lampe et regarde ces deux lettres.
Je me sens glisser le long de l'armoire à chaussures. Je relis, deux, trois fois, l'adresse et le noms des expéditeurs. François, et, comble de la surprise, à la fois ravie et plombée, Anaïs.

Lui toujours le même, il me parle et me parle et me parle, de tout ce que je sais déjà, des choses que je ne veux plus entendre comme de celles dont j'ai éperdument besoin, de sa vie quotidienne, les petites joies et les petits tracas d'un garçon de bientôt 17 ans, laché dans Paris au milieu de ses rêves.

Quant à elle, c'est différent. Je dois la redécouvrir, l'apprendre à nouveau, pour peu que je l'ai un jour comprise. Son écriture est plus fine, elle est plus fine, sa photo est superbe, son sourire comme je n'en ai jamais vu sur son visage. Je crois qu'elle est épanouie. Elle me dit que oui. Elle s'interesse à ce que je vis, qui sont mes amis, qui sont les gens que j'aime, ce en quoi j'ai changé, les souvenirs que je garde. Elle me raconte les siens, et force est de constater qu'ils sont parfaitement identiques.

Auparavant j'ai pu dire qu'il était mon miroir, celui qui a fait ses choix à mon exact opposé, celui qui avait les mêmes chances mais qui a saisi ses chances d'une autre manière. J'étais dans l'erreur. Mon miroir je l'ai trouvé dans cette feuille quadrillée. Dans ces mots écrits à la va vite entre deux cours, deux entraînements.

Si je suis cette fille qui pleure contre les cartons, entre la machine à laver et le compteur, c'est que j'ignore si ce que je vois me plait ou non.


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