Remous d'outre temps :
Mardi 8 Janvier 2008
19h30 (écrit en intégrant des textes précédemment rédigés)
Vénissieux
3 Décembre 2005
Paris (75)
Maky, Nem, Mymy, Spero, Ice.
14 - 18 Avril 2006
La Chapelle-Villars (Haute-Loire, 42)
Maky, Nem, Mymy, Spero.
9 – 13 Juillet 2006
L'Isle Adam (Val d'Oise, 96)
Maky, Nem, Mymy, Spero, Ice, Fabrio.
28 Octobre – 1er Novembre 2006
Vénissieux (Rhône, 69)
Maky, Nem, Mymy, Spero, Ice.
28 Décembre 2006 – 2 Janvier 2007
Caen (Calvados, 14)
Jaja, Maky, Nem, Mymy, Spero.
6 – 10 Avril 2007
Caen (Calvados, 14)
Maky, Nem, Spero.
15 – 27 Juillet 2007
La Chapelle-Villars (Haute-Loire, 42)
Maky, Nem, Mymy, Spero, Ice, Fabrio, Jaja, Raf, Silver.
24 – 25 Septembre 2007
Paris (75), L'Isle Adam (Val d'Oise, 96)
Maky, Nem, Spero, Ice, Moony.
25 – 31 Décembre 2007
Bordeaux (Gironde, 33)
Nem, Spero, Fabrio.
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Silver, Ice, Cocci, Makiling, Fabrio.
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Quelques bits effacés dans une tempête d'impulsions magnétiques microscopiques au beau milieu d'un serveur quelque part sur le globe. C'est tout ce qu'il reste comme trace de Son passage sur le Forum des Fantastiques, refuge adoré et symbole prédominant de leur unité sur la toile.
Pourtant, dans le cœur de chacun, ce vide laisse un ressentiment mitigé. Les souvenirs ne manquent pas à l'appel, surtout pour ceux qui auront cohabité avec Elle le temps d'au moins une rencontre.
Mais pour toi - au-delà de la présence qu'Elle pouvait apporter pendant ces journées et ces nuits si rares passées ensemble à rire, partager l'instant présent avec légèreté – son départ définitif du cercle Fantastique a été un tel choc qu'il a suffi d'un rêve, d'un songe sur la fin de ce mois d'Août 2007 pour réveiller la vision d'un fantasme tu jusqu'alors. Et comme s'ils avaient toujours été retenus par des chaînes, tes mots se sont soudain libérer pour s'élancer à tout allure, portés par le vent du changement, et les nouvelles perspectives que le souffle dessinait devant tes yeux ont pris vie dans ce texte :
Un goût de liberté
« Arrivé à l'angle de la rue, il s'arrêta presque spontanément, comme si un sixième sens l'avertissait de l'erreur qu'il était sur le point de commettre.
S'il allait frapper à sa porte à l'ombre des bosquets du numéro 12, l'accueil ne serait pas le sien, mais celui de sa mère.
Balayant du regard l'avenue adjacente où les ombres du soleil couchant dansaient avec les platanes en rangs, il jugea plus opportun de partir à la quête d'un banc ou d'un square, n'importe quel coin tranquille pouvant faire l'affaire.
Une rivière. Un pont. Il s'assit sur la corniche et sortit son téléphone portable.
L'assurance du geste de son index sur les touches, le calme de son rythme cardiaque, la neutralité de ses pensées… il s'étonnait lui-même.
- Allô ?
Elle avait attendu cinq sonneries avant de répondre.
- C'est lui.
Silence. Il attendit patiemment que la voix enrouée réagisse à l'autre bout des ondes. Elle écrasait sa clope dans un cendrier déjà plein, il n'avait aucun mal à se l'imaginer.
- Lui qui ? Finit-elle par demander en essayant de couvrir sa toux.
- Lui qui t'attend ici, maintenant.
Il tendit son portable au dessus du vide quelques secondes avant de le coller à nouveau contre son oreille.
- Tu as entendu le bruissement de l'eau ? Il te faut moins de cinq minutes.
Et il raccrocha en plongeant aussitôt le cellulaire dans sa poche. Ses pieds commencèrent alors à se balancer au-dessus du cours d'eau, pour passer le temps avec lui, tandis que ses yeux suivaient attentivement la chute du soleil derrière l'horizon.
Bientôt, l'odeur de cigarette portée jusqu'à ses narines interrompit le métronome de ses jambes. Son menton alla toucher son torse alors qu'il se sentait sourire. Il l'entendit prendre place à côté de lui.
Quand elle eut enfin enjambée la corniche, il leva la tête pour la regarder dans les yeux.
- Il était temps. Lui lança-t-il en ne parvenant pas à effacer son sourire.
- Si ma mère ne m'avait pas brailler dessus quand j'ai claqué la porte pour sortir, je croirais rêver en te voyant ici.
- Tu en es certaine ? Je pense que dans un rêve, tu aurais aussitôt raccroché sans chercher à en savoir plus…
Elle ne l'imita pas dans le sourire qu'il lui adressa. Et elle avait raison, elle était tellement plus belle ainsi, à le dévisager sans gêne. C'était si rare…
- Et pour la suite ? Tu as prévu d'attendre une quelconque réaction de ma part ?
- Si ce n'est laisser de côté les hypocrisies de politesse, je ne pense pas, non.
- Je vois.
L'écoulement de l'eau se faisait maître.
- Comme ce silence me parle !
- Ecoute, je doute que tu aies fait tout ce chemin depuis Lyon pour entendre des explications ou encore des excuses –choses inconcevables de toute façon. Alors éclaire moi, veux tu ?
- J'avais envie de te voir.
- Mais encore ?
Elle avait renchéri trop vite. Elle semblait tendue.
- De rétablir le contact, bien sûr, mais pas seulement, sinon -comme tu l'as si bien dit- je n'aurais pas fait tout ce chemin.
- Alors ?
- Alors j'avais envie de profiter un peu de ton échappée, savoir ce que ça fait de couper les ponts.
Il y eut un court silence avant qu'il n'émette un petit rire en réalisant l'ironie de sa position.
- Tu t'attends à quoi au juste ?
- C'est là le must. Je ne m'attends à rien d'autre que ce qui arrivera. Je veux te prendre comme tu viens.
Elle tourna la tête en haussant les sourcils.
- C'est pas dit que j'aie l'intention de venir où que ce soit.
- Tu es venue jusqu'ici.
Elle secoua légèrement la tête au-dessus du vide.
- Si je comprends bien, tu voulais me voir savourer le délectable plaisir de n'avoir plus aucun lien avec eux ?
- Oui… Et non.
- Ah… Parce qu'il y a autre chose ?
- Je te l'ai dit. Il y a des terres qui ne valent pas la peine d'être foulées.
Son sourire ne s'était pas effacé alors que ces mots avaient franchi ses lèvres. Elle le regarda d'un air perplexe. Visiblement elle n'avait pas lu les commentaires qu'il avait laissé sur ses articles, ou ne s'en souvenait plus.
- On n'appartient pas au même monde qu'eux. C'était une erreur de se rencontrer dans un tel contexte. Trop de principes, trop d'engagements, pas assez de…
- Et donc, l'autre chose ?
- Je ne te connais pas comme j'aurais voulu apprendre à te connaître. Tu affiches tellement de facettes différentes, je n'ai eu accès qu'à celles que tu as bien voulu montrer pendant les rencontres et dans le quotidien sur le net. Celles qui valaient la peine d'être découvertes, je n'ai jamais pu y mettre la main dessus. Tout ça parce que tu les caches derrière les pages de ton Blog… Chose dont je ne veux pas débattre ! Dit-il avant qu'elle n'ait pu répondre. Tous ces détails barbants. Ca n'en vaut pas la chandelle si avant je n'ai pas la réponse à ma question…
Il marqua un temps de pause. Elle ne le quittait pas des yeux. Et si elle l'avait fait, il aurait probablement perdu le fil.
La lune avait remplacé le soleil, la teinte argent les spectres orangés.
- Est-ce que oui ou non, tu as conscience de la frontière que je dessine entre cette vie et l'autre, et si oui, est-ce que tu es prête à franchir le cap dans l'autre avec moi ?
Il ne pouvait que la regarder droit dans les yeux. La question avait été posée, elle régnait encore sur le silence qui l'avait suivi. Elle planait au-dessus d'eux, et exigeait que les regards ne cèdent pas.
- Et si je te dis que je t'avais sous-estimé ?
Elle avait soufflé ça en baissant les yeux. Il attrapa sa main sur la pierre froide.
- Je te réponds la vérité : moi aussi. Mais il n'y a rien à regretter, rien à excuser, pour la simple raison qu'autrement, on n'en serait pas là.
Il la vit redresser la tête après le contact entre leurs doigts.
Un baisé volé. Qui sublima sa pureté. Faisant vibrer dans l'air les mots qu'il finit par prononcer :
- Tes lèvres… Elles ont…
Elle rouvrit les yeux. Revenant à la nuit d'argent.
- … comme un goût de liberté. »
Aujourd'hui, quatre mois après qu'Elle ait reçu ce texte de ta part, que peut-il en être ?
Tu es forcé de constater que rien n'a évolué de votre côté. Si ce n'est cette clairvoyance qui t'habite lorsque tu songes à Elle avec attention.
La Reine Margaux
Elle. Si différente, tellement autre. Un grand mystère après celui du Je. Tu vas même jusqu'à soupçonner une complémentarité entre les deux énigmes clés dont ils sont auréolés.
Qui est-elle ? C'est justement par l'obscurité qui plane sur cette interrogation que ton regard a été capté, il y a de cela plus de deux ans maintenant.
De tous les personnages qui ont surgit dans ta vie au point d'en bouleverser le tracé depuis ce lointain été 2005 - berceau de la croisée des Fantastiques -, Margaux est la seule dont la demi présence ait offert un rapport aussi vif et direct avec ton autre monde.
Demi, non pas à cause de la barrière qu'ont représentée les centaines de kilomètres qui vous séparent encore aujourd'hui, mais plutôt de par sa personnalité parcellée.
Il en a toujours été ainsi avec Margaux - à ceci près que tu l'appelais Mymy comme les autres à l'époque -, jamais elle n'a été une personne entière à tes yeux. Dès que ton attention était braquée sur elle, tu étais ébloui par une facette évasive, fragile, et cependant envoûtante, qui menaçait à tout instant de laisser place à un nouveau visage du large panel qui la compose.
Elle s'appelle Margaux Remy. Elle avait 13 ans la première fois que tu l'as rencontrée en chair et en os à Paris, le 3 Décembre 2005. Grande - bien trop pour son âge -, respirant le vécu derrière son visage aux pommettes généreuses et sa chevelure blonde coupée courte.
Aujourd'hui elle en à 15. Elle a changé, le beau paysage des Fantastiques s'est assombri pour elle, et vous êtes passés par beaucoup de bravades plus grotesques les unes que les autres, certes. Mais rien n'a bougé quand au mystère qui anime une partie de son âme, et qui trouble le calme de la tienne.
Il y a toujours eu en Margaux ce personnage surréel doublé d'une conscience changeante, contrôlée. Chose captivante à tes yeux. Dangereuse au regard des autres, particulièrement lorsque ce jeu de poupées russes psychique s'étendait à toutes les facettes de sa personnalité, lui procurant un solide rempart creusé de meurtrières. Selon le reste des Fantastiques, et selon ses propres dires également, de là, il n'y a plus qu'un pas pour se laisser aller à la manipulation.
Le plus étrange, c'est que jamais tu n'as eu peur d'elle en ce sens, comme si tu t'étais toujours senti à l'abri de ces rumeurs sur son pouvoir de stratège machiavélique. Mais c'est sûrement pour la triste raison que tu n'as jamais eu rien à perdre en ces temps. Du moins bien trop peu qu'elle n'aurait jamais pu effleurer un jour. C'est d'ailleurs là l'image la plus froidement explicite de ta situation d'alors : tu n'aurais pas accordé confiance à Margaux, sauf que, simplement, tu n'attribuais le mérite de ta confiance à personne, pas même dans le cocon des Fantastiques. Tu avais peur de ce qui venait de naître au dernier quart de l'année 2006, à l'orée de Novembre, tu étais devenu l'hôte d'une noirceur grandissante, envoûtante, et surtout révolutionnaire.
L'ombre qui a tout rasé, comme un bombardier de la Seconde Guerre Mondiale avec en ligne de mire une série de clochers de villages côtiers, elle a sapé tous tes principes, croyances et espoirs, dévaluant jusqu'au dernier des crédits que tu accordais aux choses autour de toi. A ce stade, il n'y a plus rien à défendre, sauf ce qui est dans l'ombre et qu'on ignore, alors la confiance est muette, sans arme.
Ce qui devait être secret pour les autres l'est devenu aussi pour toi.
Entraîné dans cette avalanche d'obscurité, tu as pu assister - tardivement - au spectacle d'une jeune fille dotée d'un pouvoir extraordinaire : celui de s'émanciper de ses propres entraves psychiques pour partir explorer son moi caché, et de réussir ce jeu avec un contrôle absolu sur la conscience.
Cet exploit prodigieux d'être l'omniprésence même, à la fois acteur et metteur en scène, accusé et juge, personnage et auteur, sans le moindre contact, dédoublé, déchiré ! mais toujours unique, en phase.
Margaux possède ce pouvoir.
Viendra le jour où tu feras tout pour le lui ôter.
Mais pour l'heure, tu n'es qu'au début de la quête, et la Reine Margaux est derrière les remparts aux pieds desquels tu te tiens.
Quand à moi, je suis invisible, comme une ombre par delà l'épaule d'******, imperceptible à ses sens. Car il demeure sans savoir, il n'a jamais su.
Margaux, elle, sait. Elle a toujours su.
Et elle saura encore et encore.
****** en revanche…
L'Insipide Contagion :
Mercredi 16 Janvier 2008
23h27
Vénissieux
« Tu es celle contre laquelle ma haine aurait pu raviver une once d'espoir.
Tu es ce vide qui n'en est même pas un dans ma dimension cachée, tandis que tu fais ton nid dans le bas monde, te croyant à l'abri, sans te sentir coupable d'empiéter sur le couloir de trêve que je tente d'ouvrir entre les deux univers, d'ignorer ses lois et de colporter les pires immondices du bas monde jusqu'à lui. Tu restes là sur ce qui sera bientôt un No Man's Land, à attendre naïvement de pouvoir croquer les fruits qui poussent sur ce bout de terre fertile.
Toi, celle qui corrompt les vertus de ce passage sacré, et qui ose par la même ignorer les devoirs exigés pour le fouler de tes pieds souillés. »
Article à l'adresse de La Grande Mymy :
Dimanche 20 Janvier 2008
23h41
Vénissieux
Ces mots, je les ai écrit en étant persuadé qu'ils m'étaient inspirés par Nemesia.
Mais par miracle, elle m'a donné hier la preuve de sa confiance, de la complétude de sa personnalité, et comme une réaction en chaîne qui laboure tout à contre courant, les souvenirs des bribes de paroles à ton sujet ont été mises sous la lumière.
Quelle ironie de voir que ces mots calquent à la perfection au sentiment que tu m'inspires à présent.
Si ma honte est démesurée d'avoir pu penser ça de Nemesia au confins du brouillard qui occultait notre relation, elle n'est rien comparée à l'indifférence que suscite l'écho intérieur de ton nom.
L'Insipide
Contagion arrive à son terme, et je n'aurais jamais cru m'être trompé à ce
point sur ton pouvoir corrosif à l'égard
les choses qui t'entourent. On dit que tu ne le contrôles pas.
Je ne suis pas de ceux qui essayeront d'en savoir plus à ce sujet, que ce soit
pour t'aider ou pour alors se protéger. Je ne l'ai jamais été.
Le Dernier Mot se perd. Ce n'est même plus crucial de savoir qui l'aura. Mon regard se vide, alors qu'il n'y avait plus que par lui que tu existais ici.
Avec l'espoir que les cadavres que tu as laissé sur nos berges se joignent à ton naufrage dans ce torrent de désintérêt.
Ultimement.
Spero