Marie vient de trouver en quelques minutes son second trèfle à quatre feuilles dans la pelouse du lycée.
Du coup son copain va chercher avec elle, suivir par Lucie et Sophie. Ou Alexandra, je ne sais toujours pas reconnaître les deux jumelles l'une de l'autre.
L'autre justement est assise sur un banc en face de moi avec Babeth. Leurs sacs flaschent quand autour c'est un camaïeu de rouges passés. Quentin fait l'idiot à la fenêtre.
Je connais les prénoms. Et eux ? Connaissent ils le mien ?
En fait je préfère rester celle que l'on ne voit pas. Du moins à certains moments. Adossée contre un mur, assise sur un rebord de béton. Celle qui ne dit rien. Qui garde son MP3 sur les oreilles, "A blanc" d'Agora Fidelio. Celle qui se délecte du moment où "la chanson part", dixit Clémence pour une autre.
Mais si. Celle qui écrit sur sa pochette noire. Celle qui prend des photos.
Non ? Celle qui a l'air énervé. Ahh, là tu vois. Et demain tu te posera peut-être la question de savoir qui je suis réellement. Tu viendra me parler... Peut-être.
Pour information je ne suis pas énervée, je suis triste.
Pourquoi cherchent-ils ces trèfles ? La chance n'est pour rien là-dedans.
Il pourrait pleuvoir.
Voilà. Dans le foyer les lumières ont été allumées, comme pour une dernière heure de septembre.
Si je préfère rester celle-la, qu'on m'explique pourquoi j'ai si froid, pourquoi je sens la pluie. Je la sens vraiment, chaque goutte, chacune touche le bon endroit, en plein dans le mille.
Le pire, c'est qu'ils ont fait une bonne récolte.
Première photo : François, une des jumelles et Lucie.
Deuxième photo : les sacs (pertinente cette description).
Troisième photo : Clémence qui arrive mais ne changera rien, Julie, Sylvain, Louis, François, Lucie, et l'autre jumelle.