Dimanche 3 septembre 2006 à 21:55

"Before you do anything, think. If you do something to try and impress someone, to be loved, accepted or even to get someone's attention, stop and think. So many people are busy trying to create an image, they die in the process."
 Salma Hayek



Si il y a une phrase que je devrai me faire graver dans la main pour ne pas l'oublier c'est celle là. Un peu longue je dois dire. Mais pour les grandes bêtises je présume qu'il faut parfois aussi de longs sermonts.

Hier soir j'ai rêvé, en partie, d'Anaïs, curieuse sensation que de retrouver son visage, sa bonne humeur, sa gentillesse dans un rêve. Brève manifestation d'un subconscient en ce moment saturé. Je la retrouverai à Paris. Dans un, deux, trois, cinq, dix, quinze, vingt ans. Mais je la retrouverai. Sur un tatami avec un peu de chance. Pour se redécouvrir ou pour 4 minutes de combat, 4 minutes de compétition, 4 minutes dont nous sommes souvent ressorties blessées, 4 minutes après lesquelles on fondait dans les bras l'une de l'autre, en pleurs, après le salut tu te souviens ? Certaines fois on tombait même avant le salut. Une fois m'a marquée en particulier, combat intense qui s'était achevé par un wazari-wazate-ippon, à deux dans un mouvement semblable en tout points, nous nous sommes écroulées et avons cherchées la main l'une de l'autre. Qui trouve dans pareille situation une gagnante ou une perdante ?
Seuls les arbitres et les recruteurs. Nos mères étaient ensemble, nous encourageaient toutes les deux. Lorsqu'une de nous avait finie avec une fille elle donnait des conseils à l'autres, et inversement.
Sur les podiums, nous étions à deux sur la première marche. On tenait ensemble la coupe. Ou les deux cous dans les deux médailles.
Un jour je t'ai cassé le poignet, l'autre tu m'as cassé un orteil.
La journée des jeunes, la compétition dont je garderai toujours le souvenir intact. Je me suis cassée l'orteil le matin après le footing, lors de l'entrainement technique. Je n'ai rien dit à personne, même à toi pour ne pas t'influencer, le midi j'ai couru comme à mon habitude, et lors de la compétition je me suis défoncée, j'ai souffert mais pas en silence. Comme toujours le dernier randori fut le tien, tu as combattu comme une tigresse. J'ai poussé un cri de rage et de victoire après t'avoir fait chuter pour la dernière fois. Je crois bien que tout le monde dans la salle m'a entendu. Je t'ai serré la main, on s'est salué, puis les arbitres,  et enfin le public,  je suis partie m'asseoir, j'attendais que tu me rejoignes. Tu as tardé. Au final te voici, avec le prof et le médecin, tu avais remarqué ma blessure, et tu n'avais rien dit parce que tu savais que je ne le voulais pas. Tu aurais pu. M'empêcher de souffrir, me faire disqualifier,  non. Tu m'as laissé me battre, contre toi, contre moi, et tu as fait le meilleur randori de ta vie pour me montrer que j'en étais digne. Merci.
Faut être réalistes, nous le savions toutes les deux, j'ai été meilleure que toi. Je te battais, c'était dur mais je te battais. Moi première, toi deuxième. Le duo de l'équipe inexistante de St Amand.
Les photos étaient à chaque fois identiques. Sauf ce jour là.
J'ai été blessée, j'ai loupé  une compétition, deux, je t'ai vu combattre.
Je n'étais pas la seule.
Dernière remise de récompenses. Tu étais la première, moi la seconde. Revirement de situation qui ne me dérangeait pas. Nous savions toutes les deux ce qu'il en était et on s'en fichait. Tu étais heureuse pour moi. Moi heureuse pour toi.
Il a fallut en ce jour précis que tu annonces ton déménagement. C'est toi que le sélectionneur est venu voir. Pas moi. Parce qu'il t'avait vu sur la première marche. C'est peut être mauvais ce que je vais dire, mais tu sais que je t'aime tellement que ça ne l'est pas. Je sentais un rêve se briser en moi. Toi tu récupérais les morceaux et tu fabriquais le tien de rêve. On en a beaucoup parlé. Ce qui était fait était fait. Tu n'allais pas refuser. Pour moi il n'y avait plus de place.
Tu es donc partie en me laissant là derrière. Et aujourd'hui j'apprends que tu n'as pas encore réussi. Ton nom n'est pas sur la liste. Je ne peux m'empêcher de me demander si c'était moi qui était partie, est ce que mon nom y serait déjà ?
Cruel. Bête. Oui. Tout ça parce que nous avions, avons d'ailleurs, la même passion, la même ambition, tout ça parce que tu faisais 2kgs de plus et parce que j'étais la "meilleure".
Si je dois retrouver quelqu'un à Paris, ce ne sera pas, Cécile ou François (ça fait du bien d'avoir mal XD) ça ne sera pas Ice, ni Charline, ni Nem, quoique, si en partie. Ce sera avant tout toi.



Par Maky le Lundi 4 septembre 2006 à 9:46
Je trouve ce texte magnifique. Il m'a réellement touchée sans trop savoir pourquoi, mais j'ai senti ma gorge se serrer en le lisant. Peut-être simplement parce qu'il met en lumière l'une de ces amitiés qui sont rares et exceptionnelles.
 

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