Vendredi 2 mai 2008 à 21:45

Le volant en mains, oui. Mais le reste lui échappe totalement.

Désinvolte il s'installe confortablement, recule son siège et balance légèrement sa tête en avant puis la repose sur l'appui qui lui est destiné. Toujours un sourire ironique sur les lèvres mais désinvolte. Et elle qui commence seulement à pouvoir être elle quand il est là. S'il avait su auparavant il n'aurait pas osé se moquer de la moindre des ces phrases. Elle est plus terrifiante que lui. Il va vite l'apprendre. Pas tout à fait à ses dépends mais presque. Silence dans la petite voiture. Normal, ils n'ont rien à se dire après tout. Juste la musique, elle s'est empressée de démarrer le lecteur, à peine assise dans l'habitacle.
Il joue avec son fameux morceau de plastique noir, regardant Lille à travers la fenêtre du côté passager. Il n'a jamais mis les pieds dans cette ville, elle est peut-être à découvrir finalement.Le paysage urbain défile : les rues pavées, l'architecture qui mêle tous les styles, la circulation fluide, le beffroi et les hauts bâtiments du centre. Impressionnants.
De son côté elle fixe son attention sur la route, du moins essaye. Il n'y a pas grand-chose à fixer.  Quelle est cette idée qu'elle a eu là ? Stupide. Elle est stupide, ou pas. Elle murmure les paroles qu'elle connait par cœur.

Ils arrivent devant son immeuble, elle se gare, ils montent à l'appartement, bref, ils y vont. Ses mains ne tremblent pas lorsqu'elle sort les clés de son sac. Elle se calme et c'est là que les habitudes commencent à être chamboulées. Elle devient celle qu'elle est parce que c'est chez elle, c'est son monde, c'est lui qu'elle invite. Pour le moment. Lui il ne s'impatiente pas mais garde un œil sur sa montre. Ils ne sont pas du genre à s'inquiéter, pas pour l'heure du moins. Une fois la porte ouverte elle file dans l'escalier, traverse sa chambre pour arriver à son bureau. Ce dernier se trouve dans une petite tourelle, qui donne sur le Vieux Lille : la vue est à couper le souffle. C'est pour cela qu'elle a choisi cet endroit. Y sont installés, une armoire remplie de fournitures et de livres, un bureau, un fauteuil, (toujours utile)  et quelques babioles souvenirs. Tout en noir et blanc. Elle voulait une pièce sobre et c'est celle-ci qui fut choisie. Alors elle y travaille souvent, ou y fait souvent semblant. C'est aussi sur ces murs qu'elle a disposé ses photos en noir et blanc. Des photos qui comptent plus qu'elle ne saurait le dire. Il est étrange de constater à quel point les paroles qu'ils échangent sont éloignées de leur réalité. D'eux.

- Tu peux éteindre la chaîne s'il te plaît ?

- Ouais mais dégrouille, le train part dans quinze minutes  !!

Par maud96 le Vendredi 2 mai 2008 à 22:08
Joli texte... J'aimerais bien le bureau dans la tourelle !
Par que-vent-emporte le Vendredi 2 mai 2008 à 23:49
Si on veut vraiment travailler quelque part, il vaut mieux éviter d'avoir une vue à couper le souffle.
Par Sans.cible le Samedi 3 mai 2008 à 10:43
C'est très beau. Et je crois que je suis d'accord avec le commentaire du dessus.
Par elfeperigourdine le Dimanche 4 mai 2008 à 20:02
Mince, voila que j'ai un sourire niais et un peu mélancolique sur les lèvres maintenant que j'ai lu ton article.
Faut pas me parler de train aussi, et encore moins de train qui part...
Par monochrome.dream le Mercredi 7 mai 2008 à 8:49
L'éternité, en quinze minutes...
Par Melodiane le Jeudi 31 juillet 2008 à 21:01
Tes mots sont absorbants.
Même si j'ai pas saisi la nature de la relation de ces deux êtres ...
 

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