"La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, vite. Retiens là."
Cette phrase, je devrais me la graver au creux de la main pour être sure de ne jamais l'oublier. Parce qu'à un moment donné, j'ai laissé la vie s'écouler en refusant volontairement de la retenir. Pire. En refusant de la vivre.
Je ne sais pas quand ça a commencé. J'ai juste lentement arrêté de vivre, aussi simplement effrayant que cela. Je me suis coupée des autres de peur de les aimer. J'ai abandonné tout ce qui comptait pour moi. Je ne m'intéressait plus à rien. Je ne ressentais plus rien. Je n'était que la simple spectatrice de ma propre existence et je laissais le temps s'écouler en refusant d'y prendre part.
Je n'ai aucune explication. Ou plutôt des dizaines sans pour autant avoir la bonne. Une partie de moi-même me hurlait de réagir. Mais je n'avais plus aucune volonté, ni aucune force. J'étais morte intérieurement et le peu d'énergie qui me restait me servait juste à porter un masque, à faire semblant que tout va bien. Après tout, avec moi, il n'y a en apparence jamais aucun problème... Et voilà comment on frole la dépression dans l'ignorance générale.
Je ne sais pas ce qui m'a conduit à fuir ma propre vie. Je ne connais pas le début de cette histoire, mais j'en connais au moins la fin. Une rencontre, un électrochoc. Ils ont réussi à réveiller la personne que j'étais il y a bien longtemps. Ils sont pour moi un condensé de vie qui m'a forcée à ouvrir les yeux. Leurs espoirs, leurs passions, leurs désillusions aussi, parfois, m'ont confrontée à ma propre existence, vide et dépourvue de tout émotion, de toute attente. Leur personnalité, leur talent, leur amour m'ont redonné envie de vivre, de vivre vraiment et d'en accepter tous les risques, même celui d'aimer et de faire confiance à nouveau.
Ils ne mesureront sans doute jamais ce qu'ils m'ont apporté. Mais eux peuvent me demander l'impossible, je le ferai sans hésiter.
Melle M.
Tu n'as plus d'envie, plus de vie.
Jusqu'à ce qu'on se tourne vers toi. Qu'on t'aggrippe de force et qu'on te tire vers le haut.
Qu'on t'arrache des vrais sourires malgré toi.
...
Qu'on t'aime...