Mademoiselle ? Mais elle n'existe plus Mademoiselle. Elle
est morte Mademoiselle, effacée, envolée, on ne la retrouvera plus. Sa vie a
été trop abîmée pour que l'on puisse en récupérer quoi que ce soit.
« Vous êtes arrivés trop tard, elle est partie, il y a déjà de cela
quelques temps Ah ça, je crois qu'elle s'est mal sortie de sa dernière
histoire. C'était compliqué vous savez. Elle a tenu deux, trois mois, et puis
un matin, comme ça, alors qu'on ne s'y attendait plus, elle a rassemblé ses
clics et ses clacs et elle est partie. On peut le dire, cette fille était un
drôle de numéro, oh vous savez moi, je dis pas, je l'aimais bien... Mais je
sais pas, y'avait un truc d'étrange. Bien polie et tout ça hein, je veux pas
médire, elle disait bonjour à chaque fois, en souriant. C'est pas là le
problème. Ses yeux par contre. Y'avait toujours quelque chose au fond de ses
yeux. »
Ce vieux monsieur qui nous parlait à la porte de son appartement, (mais si, celui près de la cage d'escaliers) avait tort. Il l'ignorait, c'est sûr. Il était honnête et ne nous aurait jamais menti. Les gens font tellement de mal par omission. Ce qu'il ignore et que nous ignorons également c'est que Mademoiselle n'est qu'une usurpation. Elle a tout usurpé. Tant et si bien qu'aujourd'hui personne et elle encore moins n'est capable de dire si elle a vraiment usurpé quelque chose. Sa vie mise à part.
Comment s'étaient ils rencontrés ? Peu importe. Ils étaient amis. Des amis étranges. Lui était un grand amoureux, amoureux souvent, de manière intense mais peu durable. Elle, elle était sa version féminine : une grande amoureuse, amoureuse souvent, de manière intense et qui n'arrivait jamais à vraiment oublier. C'est plus compliqué de suite. Surtout qu'elle était tombée amoureuse de lui. C'était passé. Et puis elle l'avait rencontré pour la première « en vrai ».
Déjà là c'était un beau bordel, ce n'est pas à lui qu'elle avait prêté le plus attention et pourtant elle avait une sensation étrange. Entre l'écœurement et l'irrémédiable attirance. Autant dire de suite que c'est l'attirance qui a pris le pas. Dans sa tête elle avait des milliers de projets, qu'un rien aurait pu foutre en l'air. Elle a passé des mois et des années à le côtoyer. La première il y avait eu un épisode étrange. Qui n'avait rien donné. Sauf un espoir, encore plus tenace. Qui se résumait en bien peu de choses. Le feu. Elle y avait répondu par un « Qui vivra verra », emplit de sa volonté d'y croire. Lui l'avait presque tourné en dérision. Qui vivra verra… Ca lui avait déchiré le cœur. Comme elle avait répondu, encore avant, qu'elle non plus n'était pas folle.
Et si la folie avait du bon ? Ils le verraient bien. Parce que dans le fond elle savait très bien qu'elle était folle. Que lui aussi, par surcroît. Il le savait aussi. Mais non. Parce qu'il est mythomane. Elle aussi en même temps. Ces deux là sont tellement semblables et différents que c'en est effrayant.
Je mens tout le temps.
La phrase précédente est vraie.
Dès lors, comment s'en
sortir ? C'est bien simple : on ne s'en sort pas.
On vit et on voit. Qui vivra verra. Bien sûr. Ils
vivent donc. Ils en arrivent à ça.
Des années plus tard. Elle doit
voyager et lui va l'accompagner parce que as route l'amène dans ce coin là
également. Deux routes parallèles. Cela aurait été si facile. Ce ne sont pas
deux autoroutes. Ce ne sont pas deux droites. Ce sont des courbes. Des chemins
de montagnes.Et qui ont de nombreux points
d'intersections. Arrive le premier carrefour important.
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Merci d'être passée chez moi.