Vendredi 14 mars 2008 à 14:39

Et puis c'est devenu bizarre.
Je me voyais sourire pour rien, rire toute seule, avoir hâte qu'un millier de choses se produisent, juste pour les voir arriver.
Mon univers était devenu une photo noir et blanc dans laquelle je me baladais à la recherche de ces petites touches peintes qui créent des envies  de marcher dans la neige, d'arriver une demi-heure à l'avance un matin blanc pour être seule  avec un appareil photo au milieu d'une cour que je connaissais silencieuse pour la première fois, une envie aussi de dessiner mes expressions, de marcher vite sous la pluie, en faisant claquer mes talons pour accompagner le bruit des gouttes, une envie de foutre un bordel monstre dans une chambre qui n'est pourtant jamais rangée, une envie de décoller les posters, de les changer, de découper, de choisir, de placer, une envie de chanter, de jouer de la guitare, d'écrire et d'écrire, sur les 200 pages, envie d'avoir froid pour ensuite avoir chaud, ou l'inverse j'ai oublié l'ordre en route, envie de filmer les gens bouger, de tourner sur moi-même, de plus en plus vite, jusqu'à tomber, tomber dans un grand "SBAM", comme elle, tomber sans avoir mal, avec le visage fendu en deux par un plaisir non dissimulé, envie de courir dans une galerie pleine de couleurs et de lumières, pour passer dans un métro gris, ou rose ou jaune, qu'importe, un métro, mieux, une gare, un aéroport, jouer aux fléchettes sur le tableau des départs, décider et se fiche du reste, plus raisonnablement, rester à attendre un bus, toujours sous la pluie, avec les gouttes de tout à l'heure qui maintenant ruissellent sur mes joues, trempent mes cheveux et tombent pile dans l'espace entre mon col et mon cou, et puis elle coulent et elle coulent, sur ma nuque, dans mon dos, et puis c'est froid,  ça fait du bien pourtant, au cœur et à la tête, le corps lui en a un peu marre, il préfère cette envie de prendre 5 minutes, un matin où je sais que je vais être en retard, pour ne rien faire, pour respirer le parfum de ma chambre, sentir la chaleur de ma couette, me lever sans me presser, tirer le velux et voir le soleil se lever, pester contre les fils électriques chercher l'appareil photo et non pas perdre, mais gagner 3 minutes de bonne humeur en capturant un peu de ciel fantastique, lever la tête et "molto piu in alto delle nuvole", bien avant, écrire, sur ce maudit banc, avec cette température glaciale, ce vent et cette petite branche qui fait vivre l'allée par son voyage constant et vain, la place éclairée, ne pas vouloir partir ne pas vouloir se souvenir de l'invisible, avoir froid aux mains, chaud au cœur, des étoiles dans les yeux, ou l'inverse, parler pour ne rien dire et profiter de ce qu'on a. Comme de ce qu'on a pas. Dans tout ça j'étais perdue. Parce que je crois que, envers et contre tout, je devais être heureuse.
Par memecamouille le Vendredi 14 mars 2008 à 17:20
Six phrases, si j'ai bien compté. La troisième est très belle.
Mymy, tu ne veux pas devenir écrivain ?
Par fleurs.des.champs le Vendredi 14 mars 2008 à 17:32
C'est tout ça vivre, c'est le petite choses du quotidiens c'est peut-être même le bonheur..
(l)
Par Weex le Vendredi 14 mars 2008 à 17:52
Pour la plus longue phrase de tout Cowblog je crois qu'on a trouvé la palme... Pour la plus belle aussi, tiens, oui.
Par maud96 le Vendredi 14 mars 2008 à 22:04
On devrait avoir un étiquetage automatique des moments de notre vie, pour savoir si vraiment ils sont heureux ou non...
A la lecture, oui, tu devais quand même être heureuse... enfin je crois...
Par here.we.are le Vendredi 14 mars 2008 à 23:04
x

(j'aurais pas dû. dire que j'avais lu le meilleur. d'ici. suprenante.)
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://lagrandemymy.cowblog.fr/trackback/2486279

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast