Vendredi 10 août 2007 à 18:57

C'est le genre de truc qu'on garde secret si on ne veut pas passer pour un foutu rêveur, mais dont chaque infime détail vous habite. On y pense dans les moments ficciles, quand il ne reste qu'à se mettre en boule pour laisser passer la tempête. Je me souviens alors qu'enfant, à Petit-Goâve, je rêvais déjà d'un aller simple, de partir sans jamais revenir. Prendre cette bicyclette rouge appuyée contre un arbre pour filer enfin droit devant soi. Le out du monde était bien ce petit village situé à quelques kilomètres de Petit-Goâve, pas trop loin de Miragoâne. J'ai passé un long moment (je n'avais pas une bonne notion du temps à l'époque, et , cela n'a pas changé beaucoup) à épier les habitudes du propriétaire de la bicyclette. Montilas arrivait vers dix heures du matin à l'épicierie de Mozart, achetait un verre de tafia qu'il avalait en faisant une terrible grimace avant d'aller jouer au domino chez Batichon, en laissant sa bicyclette contre un arbre sans surveillance. Un jour, je m'emparai d'elle pour filer vers le sud, jusqu'au petit marché de Vialet, où la mère de mon ami Rico vendait de la farine. C'était la première fois de ma vie que j'allais si loin. Ce voyage qui n'a pas duré plus d'une demi-heure m'a semblé le plus long et le plus magique de ma vie. Et je ne l'ai jamais oublié.
Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

Ajouter un commentaire









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://lagrandemymy.cowblog.fr/trackback/2132385

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast