J'avais la flemme de faire l'article moi-même. Et puis peur d'oublier quelque chose. A préciser que cette grande danseuse à découvert la danse contemporaine grace à Carolyn Carlson dont j'ai déjà parlé ici.
"Une femme qui danse" : portrait de Marie-Claude Pietragalla
Il y a des artistes qui semblent réunir tous les dons, et Marie-Claude Pietragalla est sans doute de ceux-là : ex-danseuse étoile de l'Opéra de Paris, interprète des plus grands chorégraphes contemporains, elle est aussi chorégraphe et directrice de ballet. Une personnalité forte, exigeante et passionnée.
Dans Signes, de
Carolyn Carlson (2000).
Actrice, danseuse et chorégraphe, d'origine Corse née en 1963.
En 1981, à l'issue du traditionnel concours annuel, elle accède au rang de « coryphée ». L'année suivante, elle devient « sujet ». Le chorégraphe Maurice Béjart n'hésite pas à lui confier Bakhi III où l'on remarque sa silhouette élancée, son port de tête altier, son énergie à ciseler dans l'espace les mouvements anguleux. En 1984, avec son partenaire Wilfried Romoli, elle interprète ce pas de deux au Concours international de danse de Paris ; ils remportent sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées le premier grand prix par couple et la médaille de vermeil.
En 1988, Marie-Claude Pietragalla est nommée « première danseuse ». Cette année-là, on la remarque dans In the Middle Somewhat Elevated, le ballet virtuose de William Forsythe, dans la mise en scène du Martyre de saint Sébastien, que signe Bob Wilson, et dans le personnage d'Esmeralda, qui semble avoir été écrit pour elle par Roland Petit. Dans ce dernier ballet, la danseuse fait valoir des qualités dramatiques naturelles alliées à une rare intelligence de la scène.
En 1989, le jury de l'Association pour le rayonnement de l'Opéra de Paris (AROP) lui accorde son prix annuel, destiné à récompenser un jeune talent. Le 22 décembre 1990 marque une date importante dans la carrière de la danseuse. A l'issue d'une représentation de Don Quichotte dans la version de Rudolf Noureev, elle reçoit le titre tant convoité de « danseuse étoile ».
En 1986 elle crée Arepo, de Maurice Béjart et Fantasia Semplice, de Dominique Bagouet, un jeune chorégraphe trop tôt disparu. Suivent Leçons de ténèbres, de Maguy Marin et Magnificat, de John Neumeier (1987), TanzSchul, de Jiri Kylian (1989), Points in Space, de Merce Cunningham et L'Histoire de Manon, de Kenneth Mac Millan, Dances at a Gathering, de Jerome Robbins (1991), Giselle, dans la version iconoclaste de Mats Ek (1993).
Aucun des plus grands chorégraphes actuels n'échappe à la curiosité de l'artiste. L'année 1993 marque une importante rencontre pour Pietra : celle de Carolyn Carlson, grande prêtresse de la danse moderne en France qui crée à son intention le surprenant Don't Look Back, sur une musique de René Aubry. Carolyn Carlson fera également appel à la danseuse étoile en 1997 lorsqu'elle sera invitée à monter Signes, pour le Ballet de l'Opéra, dans la scénographie du peintre Olivier Debré. Artiste polyvalente, Pietragalla participe aussi bien à la recréation d'un ballet de Nijinski Till Eulenspiegel (1994) qu'à la nouvelle présentation des Variations d'Ulysse (1995), la pièce qui fit connaître, au début des années 80, un tout jeune chorégraphe nommé Jean-Claude Galotta.
Interprète de grand talent, la danseuse se risque à la chorégraphie dès 1988 avec un premier essai intitulé Boromabile sur une musique de Hugues Le Bars, connu pour ses collaborations avec Maurice Béjart. D'origine corse, Marie-Claude Pietragalla imagine justement Corsica (1996), une œuvre dramatique inspirée de la culture de l'île de Beauté, et elle fait appel au compositeur Petru Guelfucci pour le support musical.
En 1998, Marie-Claude Pietragalla prend tous les risques. Elle accepte de quitter le Ballet de l'Opéra de Paris pour prendre la direction du Ballet national de Marseille ainsi que de l'Ecole nationale supérieure de danse. Elle a la lourde tâche de succéder à son fondateur, Roland Petit, et entend mener une politique artistique toute différente. Elle inscrit au répertoire des classiques, mais dans des versions rajeunies, modernisées. C'est ainsi que Rudi Van Dantzig présente son Roméo et Juliette et que Eric Quilleré, premier danseur à l'Opéra de Paris, se voit donner une chance de monter une version toute personnelle de Giselle. A leurs côtés, on relève la présence de chorégraphes comme Paul Taylor, mais aussi Claude Brumachon et Maryse Delente avec lesquels Marie-Claude Pietragalla entend mener une collaboration de longue haleine.
Monstre de travail, Marie-Claude Pietragalla a écrit une Légende de la danse et rassemblé, sous le titre Ecrire la danse, une série de textes de grands auteurs inspirés par l'art chorégraphique. Sa devise : « Quand on veut fortement, constamment, on réussit toujours. » Elle l'a tout simplement empruntée à un certain Bonaparte.
Jean-Claude Diénis Journaliste au mensuel Danser
Je veux voir un de ses spectacles. Même si ce n'est pas mon répertoire de prédilection.. Tout de même.