Lundi 9 juin 2008 à 20:50

La portière claque cette fois-ci. Et merde, comment il a deviné que j'étais seule chez moi ? Je ne peux pas faire comme si j'étais absente, il sait bien que je suis là, nous nous parlions sur msn il y a deux minutes encore. J'avais zappé msn sur son portable. Enfin, c'est pire que ça ; je n'y avais pas pensé du tout. Nous y voilà : il passe par dessus la grille, j'entends le bruit de métal caractéristique. Il ne perd pas de temps non plus et si j'avais été à sa place j'aurais fait pareil : le cadenas est mis et la sonnette débranchée. L'habitude quoi. Il frappe à la porte. J'ouvre ou pas ? Bien sûr que oui j'ouvre. Un léger moment de flottement. Il porte son sempiternel manteau noir, sauf qu'il n'est pas fermé, et un seul t-shirt en-dessous. Je crois que je comprendrai jamais ça. On reste là, à se regarder dans le blanc des yeux, ou presque. C'est toujours délicat de regarder dans le blanc de ses yeux à lui, enfin, moi j'ai du mal, je suis captivée par la couleur. On ne parle pas. On va s'y mettre. Ou pas. Il s'approche. Et je ne sais pas trop comment ça se fait mais je me retrouve dans ses bras, la tête sur son torse, je respire son parfum. On parlera après. Je veux que ce moment dure toujours, là sur le seuil de ma porte, en ce froid début de janvier.

Jeudi 5 juin 2008 à 18:45

C'est plus simple en anglais.
C'est toujours plus simple en anglais.
Ma vie serait peut-être plus simple en anglais.

J'en sais rien à vrai dire. On verra ça, plus tard. Comme on pourrait très bien ne pas le voir. Tu m'en poses aussi toi des questions à la con. Dix-huit, dix-neuf, vingt ans, j'ai oublié qu'elle était la différence.S'il y en a eu une un jour. Ce dont je doute. Toi. Toujours présent. Toujours absent. Je ne t'ai rien demandé à la base. Mais je suis une incapable sans toi. C'est pas de ma faute. Ça n'est pas de la tienne non plus. Y'a pas de coupable. Peut-être parce qu'il n'y a pas de crime. Cela reste à voir.

Ne plus penser. Mon coeur tu es un beau salaud.

Vendredi 30 mai 2008 à 13:48

Oh bien sûr que oui, j'aurais pu partir sans me retourner. Honnêtement j'en étais capable, mais je crois que ça n'est tout simplement pas dans mon caractère. Et puis j'avais la sensation que tout n'était pas fini pour de bon, qu'il restait un petit quelque chose. Alors je suis restée. Heureusement ; je n'ai pas vu les choses arriver, c'est dire si elles sont venues vite ! Et me voilà, en moins de deux je me suis retrouvée à songer au pourquoi de ce revirement et surtout au comment j'allais le prendre. J'ai zappé parce que j'ai cru que c'était une parole en l'air et j'ai à nouveau été prise au dépourvu en me retrouvant assise sur une chaise en train d'écrire sur un bout de papier, d'une manière machinale, comme s'il n'y avait rien de plus naturel. Cette histoire est décidément bizarre. J'en retiens que vraiment j'ai bien fait de ne pas partir. J'ai toujours voulu le savoir au fond. L'espoir peut servir parfois, il m'a permis de ne pas être trop surprise, ça aide à garder les deux fesses sur la chaise.

Jeudi 29 mai 2008 à 16:13

"Je t'offre un café samedi ?"

"Non." C'est drôle, il n'a pas oublié mon nom. Ni mon numéro. Il ferait mieux pourtant.

"Pardon. Un chocolat ?"

"Pourquoi ?"

Manquerait plus que ça. Mais c'est vrai que je n'aime pas le café. Il s'est souvenu de ça aussi. De plus en plus étonnant. Enfin, je dis ça mais ça ne remonte pas à des mois. Tout au plus à quelques jours. Quelques heures même. Ça ne change rien. Et puis qu'est-ce qu'il fout là son pardon ? Pardon pour quoi ? Pour le café ou pour ce qu'il a fait ? Je ne crois pas qu'il puisse s'agir de la deuxième option. Si ça se trouve il n'a pas compris. Pas compris ce qu'il y avait de terriblement vexant et blessant dans cette annonce. Dans cette non-annonce plutôt. Il a une force incroyable pour me blesser, involontairement (et c'est ça le pire) mais je ne pense pas qu'il possède la finesse nécessaire pour comprendre ce qu'il a fait à ce moment là.

"Parce que j'ai envie de te voir."

Ces caractères ne méritent pas de réponse. La dernière était déjà de trop.

"Tu me manques."

... Rien.

"Je suis désolé."

Et c'est censé changer quelque chose à ce que je ressens moi ?

"Je me suis laissé emporter..."

Il semble avoir découvert l'art du sms. Il ne s'arrête plus.

"Après tout, on n'avait rien convenu ! "

Effectivement. D'où tire-t-il donc son besoin de se justifier ? Nous n'étions que des amis. Il n'y a donc pas lieu de faire un scandale si je décide de ne plus lui adresser la parole. Il n'est question que de mon orgueil. Il n'est pas même pas vraiment bafoué. Je n'ai eu le droit qu'à des chimères et à des semblants d'illusions. Des amis. Qui ne l'étaient pas vraiment. Qui ne se parlaient pas vraiment.
C'est fort. Très fort. Chaque mot ajouté ne fait qu'en rajouter à cette frustration qui m'habite depuis longtemps déjà.

"Je viendrai te chercher. Du moins j'essayerai. Si la grille n'est pas ouverte je passerai au-dessus. Tu l'avais bien fait. Et si je dois me faire refouler alors que tu es choquée, offensée ou simplement surprise par mon culot, et ben tant pis. Ça ne me changera pas des masses."

"Juste... J'aurais pu répondre quoi d'autre devant lui ? J'aimerais changer. Sans heurts. Si c'est encore possible."

Ça ne coûte rien d'essayer. Après tout, mon amour propre est désormais au-dessus de tout ça. Il a crevé le plafond, le con.

Mardi 27 mai 2008 à 19:50

Je me pose dans l'herbe, assise sur mon manteau, comme il y a une semaine, un mois, un an, j'ai perdu le fil. Il fait chaud et je regarde ces lycéens qui me sont plus ou moins familliers. Il y a avec moi une amie, il nous arrive de parler. Autour des rires, des discutions, animées ou pas, certains font la gueule aussi. Je suis étrangement sereine. J'ai l'impression qu'en tendant la main que je pourrai toucher la vitre qui me sépare d'eux. Cette sensation désagréable mais enivrante d'être recluse et de savoir qu'ailleurs une personne est dans une configuration identique. Purement égoïste ? Pas tellement, comment vous faire comprendre ? Je voudrai me voir dans 10 ans pour savoir comme tout cela aura fini, si s'est fini.

Ah bah je n'ai pas eu besoin d'attendre dix ans...

Samedi 24 mai 2008 à 22:17

Et je n'ai pas tenu ce putain de texte : je me suis laissée submerger par mon émotion. Alors j'ai continué, j'ai parlé, encore un peu, j'en ai rajouté, j'ai terminé, posé le micro et je suis allée le mettre à la poubelle, le texte. C'est fini cette fois ?*

Elle tournait, et elle tournait, on ne parvenait plus à distinguer clairement la jeune fille du tissu, de cette longue écharpe qui dansait avec elle dans un tourbillon de couleurs vives. Personne n'oserait aller l'arrêter. Ca n'est pas concevable, juste parce que personne n'y trouverait un quelconque intérêt.C'est tellement simple et tellement beau de pouvoir stopper un instant nos vie pour la regarder s'envoler en gardant les pieds sur terre. La poussière s'élève et l'entoure d'un halo sale et qui nous l'atténue quelque peu.Le monde est suspendu à ses bras qui se prolongent dans cette simple étole rouge, dans ses hanches qui résonnent d'appels si profonds qu'ils vibrent plus qu'ils n'émettent un son, dans ses jambes qui se contorsionnent sans contrainte et dans ses pieds, qui martèlent la terre, la frappent, la font hurler de douleur et de joie. Il semblerait qu'elle danse.

Mardi 20 mai 2008 à 23:43

C'est réussir à vivre avec les manques qui me déchirent le coeur. C'est se mettre à sourire. Non plus par habitude et parce que ça leur fait plaisir. Plus pour les rassurer. Sourire. Pour moi. Mettre des reprises au bout de chaque partition. Enfin être entière et oublier ces secrets qui comblaient mal les vides. Ouvrir les vannes. Lâcher prise. Les voir et me rendre compte que je ne suis pas eux. Je n'ai jamais été quelqu'un d'autre que moi. Il aura fallu du temps pour que je le comprenne. Du temps et pas seulement. Il aura fallu ces autres eux. Ceux qui soulèvent le monde à coup de mots, de dessins et de notes. De ces gens qui le savent et veulent comprendre, sans s'immiscer. De ceux qui vous donnent envie de vous lever, jour après jour. Le temps passe vite. Ou pas. Et le savoir ou non n'est pas vraiment important. L'important c'est que ce temps passé l'est avec ces gens. Quand ils partent le temps s'arrête. Reste sur des sourires et des larmes. Plus de vide. Seules quelques ellipses temporelles restent. Deux. Romain. Ces autres. Les autres. Qui m'avaient fait oublier cela. J'ai passé trop de temps à les regarder. Beaucoup trop. Assez pour oublier d'être avec eux. Pas derrière. Ce qui est fait est fait. Ni remord ni regret. Ou presque. Trois peut-être. Peu importe.
Qui vivra verra. Et nous nous vivrons, vous verrez. Cette version là. Merci

Lundi 19 mai 2008 à 22:09

[J'aime bien la page 57 de mon blog.]

Il y a avait tant de choses à dire. Tant de mots enfermés. Tellement qu'elle aurait pu s'en faire une vie. Tellement qu'ils débordaient de partout et avaient commencé à ronger le reste. La concordance des temps n'existe pas. Ils étaient désormais bien enfermés. Ils sont désormais bien enfermés. Dans une boîte rouge pleine à craquer. Tout autour du Scotch. Environ un rouleau et demi. En-dessous du lit et bientôt au grenier. Sauf que cette boîte ne sera pas descendue pour les braderies. Elle va rester là quelques temps, à prendre la poussière. Jusqu'au jour où elle l'aura oubliée. Et ensuite jusqu'à ce qu'elle s'en souvienne, à cause d'un détail bête. Quand je pourrais l'ouvrir sans plus rien ressentir. Alors je l'ouvrirai et je finirai. Ou elle ira à la poubelle. Si elle n'a pas déménagé d'ici là. Ce soir s'endormir sur cette boîte et sur les mots qu'elle contient. Les étouffer avec les oreillers. Il ne reste que ça à faire. Ça n'est plus une boîte à souvenirs. C'est un cercueil à souvenirs. Quand le temps viendra il faudra juste faire une dernière autopsie.


Jeudi 15 mai 2008 à 19:44

Virage à 180°. Toute une vie bouleversée. Les habitudes, le train train... Par une seule décision. Un simple choix. "Oui" ou "non". C'est terriblement simple. Terriblement. Moi je ne me souviens plus. Moi j'oublie au fur et à mesure. Et je ferme les yeux. Comme ça je peux continuer et courir vers le mur sans avoir peur du choc. Les personnes qui me manquent ne sont pas les "bonnes". Pas celles auxquelles les on aurait pu s'attendre. Les lamentations sont surprenantes quand je vois d'où elles viennent. Leur bouches qui s'agitent me font rire. La mienne reste close. Il ne faut pas se désoler pour moi. J'ai désappris. Demain est un autre jour. Qui ne ressemblera a aucun autre. Les comparaisons seront impossibles. Normal : j'ai perdu le reste. Enfin, perdu. Je l'ai abandonné en forêt pour être honnête. Quant à la forêt j'y ai mis le feu. Aux grands maux les grands remèdes. Ca brûle encore. Demain j'y retourne, sans combinaison ni armure. Juste une grande angoisse dans la poitrine. Elle reviendra avec le reste. Il va falloir faire semblant de ne pas le reconnaître.

Dimanche 11 mai 2008 à 16:41

Quelques minutes avant le départ. Et se poser enfin. Se laisser tomber sur le lit. Regarder les papiers collés au mur. Sourire et se dire que tout ça a pris fin. C'est pas trop tôt. Reprendre le casque et écouter la même chanson, depuis trois jours, servie par cette voix qui vient d'on ne sait où. Préparer l'argent, préparer les tickets de métros Lillois. Avoir gardé le tout, sur un post-it, dans l'exemplaire chéri, orange et significatif. "We are not flying anymore". C'est tellement dans l'esprit d'un texte qu'il faut écrire. Un texte qui revient à la charge de temps à autres. Youhouuu ! Je ne suis pas écrit ! Je suis là mais je ne suis pas écrit ! Promis, on y pensera. En attendant les pages sont feuilletées, le carrelage fait jouer à une marelle chorégraphiée, le mur à la sortie du bureau commence à connaître par coeur la main droite. En attendant, l'oreiller a à nouveau le droit de renvoyer le rire. Il semble juste un peu amer. Le rire pas l'oreiller. "Il est plus fort que nous, Antigone. Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui dans la ville. Ils sont des milliers et des milliers autour de nous, grouillant dans toutes les rues de Thèbes." Être la plus forte certes. Mais avoir raison aussi. Je préfère avoir le beau rôle. Suffit de le mériter. D'aller au-delà du rôle. Elle est là la difficulté

Vendredi 9 mai 2008 à 18:50

Et s'il ne revenait pas ?

Elle n'avait plus de nouvelles. Les nouvelles n'étaient jamais vraiment arrivées. Elle les avait volées, au passage. En choisissant une veste elle avait encore pensé à lui. Il avait réussi à abandonner son gros manteau : elle pouvait donc le faire aussi. Son gros manteau noir, pas pratique mais qui tient chaud et avec lequel toutes les bêtises et toutes les frasques sont possibles. Parlons-nous du sien à elle ou du sien à lui ? Des deux. Du sien. Elle aimerait aimer le café. Elle aimerait vraiment, malheureusement ça ne passe pas. Elle n'arrive pas à apprécier. Elle ne comprend pas. Ce n'est pas pour dire qu'elle est d'une intelligence supérieure, cependant il faut admettre que peu nombreuses sont les choses qu'elle ne comprend pas. Même le café, si elle se penchait sur la question avec un peu d'attention elle trouverait très facilement. Elle le sait en plus. Ça ne l'intéresse pas pour l'instant : trop facile. Pour le moment elle veut devenir futile, puérile et frivole. On ne s'y attend pas à ça. Elle s'en rendra folle avant d'abandonner. Elle veut devenir ce qu'elle déteste. Histoire de. Vivre. Expérimenter.

Les barrières n'ont jamais existées dans son esprit, juge, jurés, victime, accusée, coupable, témoin, avocat. Elle est tout.
Et elle le sait, par dessus le marché.

Mardi 6 mai 2008 à 21:40

Elle s'apprête à vivre une très belle journée. Très pleine, remplie quoi. C'est peut-être indigne mais elle n'y pense pas. 
Ce sont quelques photos. Ce sont 60€ envolés en une journée. Deux images. Des sourires. Ce sont 4 fils de laine tissés à mon poignet, on s'est fait plumer et alors, c'était bien fait, il n'empêche qu'il en reste un voeu, pour de vrai. C'est bête n'est ce pas ? Mais quand je tourne une page de mon carnet pour revenir en arrière, je vois ceci "Je ne veux pas penser à eux, la chanson finit bien."




Les gens sont étranges aujourd'hui. J'ai peur que cela finisse mal.

[Au final, ça a peut-être mal fini. Qui sait vraiment ? Ecouter Agora Fidelio et Archive. Sourire. Et ne plus penser qu'à ce week-end et cet été.]

Mercredi 30 avril 2008 à 19:35

Une immense et lourde lassitude lui était tombée dessus. L'avait à moitié assommée. Il y en avait trop pour elle seule. La responsabilité confiée par toutes les générations passées, la confiance en même temps que l'inquiétude de la génération relais. Elle en avait mal à la tête et au ventre. Six cachets anti-douleur depuis le début de la journée. Il était midi, sa journée avait débutée il y a moins de trois heures. Elle aurait aimé fumer. Non, c'est mauvais pour le souffle et pour la voix. Pleurer ne lui servirait à rien. Elle n'a plus de larmes pour ça. Peur, c'était donc ça la peur ? La peur de ne pas réussir, la peur de regarder la réalité en face : parmi toutes les autres elle est celle qui aime le plus, qui veut le plus mais elle est aussi celle qui possède le moins. Le manque de talent on ne peut rien y faire. Même le travail n'y change rien. Avant elle les autres n'avaient jamais travaillé ce don qui leur avait été accordé, elle du haut de ses cinq ans essayait déjà de faire ses gammes. Depuis elle était bloquée. Elle ne pouvait plus le faire.  Pas en face de cette famille qui lui avait donné le goût et le dégoût ensemble. Bloquée. Totalement bloquée. Et remplie de silence.

Jeudi 24 avril 2008 à 19:37

" Sur les tréteaux l'arlequin blême
Salue d'abord les spectateurs
[...]
Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendus "

Lonah - Crépuscule

Et c'est un couple comme on en verra plus souvent, déchiré par leurs ressemblances, et dont les différences si énormes soient elles sont les seules choses acceptables. Ils sont un paradoxe entier à eux deux. S'il créé elle prend un malin plaisir à détruire, et inversement. Alors qu'il cherche le moyen d'être touché elle cherche celui de ne plus l'être. Ils sont deux aimants. Dans leur relation chaque chose est inversée. Ou presque. Du moins, celles auxquelles on s'attend ne sont pas là où elles devraient être. Bref c'est le bordel. J'ai toujours aimé le bordel. Mais là c'est au-dessus de mes forces. Si j'avais fait un effort, si j'avais joué le jeu jusqu'au bout rien de tout cela ne serait arrivé. Et j'ai fait marche arrière. Ne jamais faire marche arrière, il faut finir ce que l'on a commencé, malgré les voix qui hurlent dans nos tête. A retenir.

Les deux personnes que je garde au coeur.



" Il n'y a rien qui ne m'arrache à cette fin,
n'écorche ce dessein
je ne vois rien qui n'efface ce chemin "
ne m'achève enfin.

Lonah - Crépuscule

Samedi 19 avril 2008 à 23:03

J'aurai pu juste oublier, enfouir ça quelque part, un souvenir que l'on ressort entre copains copines les soirs un peu trop gais. C'était possible. Ce ne serait ni devenu un conte de fées ni une histoire cauchemardesque. Entre les deux. A l'endroit dont on ne se préoccupe pas. Le milieu. Le médiocre ?
Impossible. C'est ce que tu me fais haïr chez les autres. Comment alors tenter d'atteindre ce niveau sans offenser l'image que je me suis faite ? Étrange, ce soir, et depuis longtemps en réalité, je ressens un apaisement. J'ai abattu mes cartes, les unes après les autres et chacune a été irrémédiablement balayée d'un revers de main que j'ose encore parfois croire accidentel. On ne supprime pas ce à quoi on attache aucune importance. Ce n'est pas un apaisement. C'est un vide.

[C'est tellement différent, aujourd'hui.]


Jeudi 17 avril 2008 à 14:42

On se promène dans la ville, mangeant des sucres d'orge, riant encore de la tête de la vendeuse devant Ces deux grands gamins de 30 ans lui demandant poliment, presque timidement un sachet de bonbons. Les grands gamins c'est bien sur nous. Je m'étais toujours demandée ce qui aurait pu se passer si l'on avait passé notre enfance, et notre adolescence aussi, pourquoi pas, ensemble. Alors on essaye de trouver la réponse, de rattrapper ce temps qui aurait pu se perdre. On s'invente des souvenirs, des engueulades par la concierge hirsute du grand immeuble rouge, ou le retraité un peu fou qui jouait du saxo à n'importe quelle heure, de jour comme de nuit. Tu me précises que c'était surtout de nuit. Ah. J'ai oublié ce détail, comme quoi. En fond sonore c'est du Keren Ann, et l'éclat de rire de la petite fille du 6ème. On ira lui offrir le sachet, dont au final nous n'aurons mangé que deux bâtons : on se fait vieux pour ça.


(Qu'on se fasse vieux ?)

Mardi 15 avril 2008 à 23:34

Y'a des boîtes poussiéreuses à côté de moi. Là dedans on peut retrouver des années de correspondance. J'y jette un coup d'œil, encore, ça me fait toujours un petit pincement au cœur de voir ça. Des lettres datant de dix, vingt, trente ans, et j'y retrouve des dessins, les adresses successives, les états civils successifs, les pays dans lesquels j'ai voyagé, ceux où j'aurais aimé voyager… Est-ce que j'ai mis au grenier ces rêves en même temps que cette boîte ? Je me pose vraiment la question.

Et il y a aussi des mots d'amour, tellement usés à présent... Dont la vérité est désormais tout autre. S'ils savaient seulement à quoi ils en sont réduits au jour d'aujourd'hui, les conséquences qu'ont entraînées leur présence, ou leur absence… Je ne sais plus trop.

L'encre est parfois un peu délavée, le papier plus fragile sous mes doigts, mais les odeurs sont restées les mêmes, celles d'un passé suranné et dont j'aimerais regagner l'enceinte protectrice, la bulle de cristal.

Ce soir j'ignore si je suis encore capable d'écrire un conte de fées…

Lundi 14 avril 2008 à 15:16

"Pouvoir tenir. C'est pire qu'un pic là. C'est passer du haut de l'Himalaya aux abysses du Pacifique. Et il n'est pas là. J'ai besoin de toi. De ta conversation. De ta voix. De ton image. Refuser de te laisser avec le reste. Tes bras. J'ai besoin de tes bras, là, maintenant, de suite. Partir, partir, partir. Te rejoindre, prendre le train et partir. Parce que tu étais cela avant cela."

Entre autres. Du 5 mars 2008.

Vendredi 11 avril 2008 à 16:40

"J'ai un air de piano en tête, du Chopin, du génie. Et bientôt je l'aurais rejoint, derrière cette vitre teintée d'où le monde semble si ridicule. Le fond de l'air est frais et c'est bien le signe du changement. Je me rapproche de toi à une vitesse affolante mon amour. C'est étrange de t'appeler ainsi ; alors que les "autres" se donnent la main, se tiennent par la hanche, j'attends fiévreusement mon départ. Si cela leur est égal, que dire de ce que j'en pense, il me semble planer au-dessus de leur tête, voir leurs soucis et leurs préoccupations comme d'infimes résidus d'un papier que j'ai autrefois chéri. Mais aujourd'hui il n'est plus rien d'autre qu'un vide, qu'une indifférence."

Une partie d'article.

Aucun rapport. La musique. Mais je l'ai en tête.






Jeudi 10 avril 2008 à 17:02

Elle s'en inspire un peu. Parce qu'elle est bloquée. Elle ne voit qu'un seul chemin. Même si c'est celui qu'elle a envie de prendre elle trouve un peu angoissant de ne pas avoir le choix. Y croire comme des gamins mais y croire. C'est peut-être la seule manière de croire vraiment, et de croire bien. Le monde est là, devant elle. Mais elle n'est pas vraiment en face du monde. Si l'on peut imaginer "un astre noir versant la lumière et le bonheur", si on l'a vécu tellement souvent, on devrait pouvoir imaginer un soleil tout court. Non ? Réussir à être l'autre. C'est une ambition qui n'était pas à sa portée, c'est une ambition qu'elle n'avait pas possédé. Alors c'est l'ambition qui désormais la possède. Elle est devenue un symbole. On ne peut pas tuer les symboles. Ils perdent leur sens. Et c'est mille fois pire.

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