Dimanche 20 juillet 2008 à 12:14

La chaleur. Le noir. La nuit. Etouffante. Ou presque. La chaleur n'est pas forcément l'unique responsable. Ses pensées peut-être. Elle tente de s'endormir au-dessus des couvertures. Affalée sur le lit. Son visage posé contre son bras, comme pour y croire. La tête défoncée par une journée trop longue, où elle n'a pas réussi à faire le tri. Il y a eu du de monde dans son esprit. Deux personnes. Donc une de trop. Elle-même et l'autre. Un parasite dont elle ne parvenait pas à se défaire. Dont elle ne voulait pas se défaire ? Pourquoi pas se défaire d'elle ? Non. L'autre n'existerait plus. En tous cas, la cohabitation est rude. Et cette chaleur... Elle avait autrefois été justifiée. Dans un autre monde sûrement, elle avait été appréciée. Les odeurs qui montaient et auraient du devenir suffocantes avaient simplement été acceptées, assimilées. Mais pour cette nuit ça ne marchait pas. La léthargie n'était pas douce, lourde et concupiscente. Elle n'était que lourde. Pas d'atténuation pas de légitimité. Ca n'était plus une course contre la montre. C'était une simple nuit d'été. Trop chaude. La triste réalité c'est que cette nuit d'été était bien trop chaude pour une personne seule.

Samedi 19 juillet 2008 à 19:13

Tu recommences. Tu te ronges les ongles. C'est pas bien. Tu avais arrêté pourtant. Oui, et à l'époque tu m'avais dit que c'était nul d'arrêter pour ça, pour plaire, pour me sentir plus belle. Sauf que ça n'était pas pour te sentir plus belle mais pour qu'on te trouve belle. Je ne suis pas sûre. J'étais mieux ainsi. Et puis de toutes manières je crois que nous avions toutes les deux tort. Si on a arrêté de se ronger les ongles ça n'est pas pour cela. Tu crois ? Vraiment ? Que c'était nerveux à ce point ? Oui ? Oui. Comme quoi. Ce serait bête aussi en même temps. De se dire qu'on était mieux, que c'était une sorte d'apaisement et que du coup on a arrêté cette manie nerveuse. Dans un cas comme dans l'autre c'est bête. Alors autant recommencer sans état d'âme ? Ou pas. Histoire de se dire que ça nous a fait avancer. T'es sûre qu'on parle toujours de la même chose ? Non. Et tu le sais. Ça change quelque chose ? Non. Et tu le sais.

Vendredi 18 juillet 2008 à 13:36

Quand tu as dit que je cherchais désespérément un de ses regards tu t'es trompé. Tu t'es trompé aussi par rapport à la photo. Oui j'étais triste, mais pas sur cette photo. Bref. Retournons à cette seconde réflexion. Non, je n'étais pas à la recherche de son regard. Je n'ai aujourd'hui encore pas besoin de son regard pour l'avoir lui. Pour savoir ce qu'il pense. Ou juste savoir où nous en sommes. Parfois les non-regards sont bien plus parlants que le reste. Parce que, songes-y, il est humainement impossible de ne jamais croiser le regard d'une personnne assise à cinquante centimètres de soi lors d'un repas. Sans le faire exprès du moins. C'est là qu'est l'information intéressante : si moi je ne tentais pas désespérément d'établir un contact visuel, lui le fuyait clairement.

Mardi 15 juillet 2008 à 23:58

Je crois que la première fois où j'ai été touchée par une musique "live", mais vraiment touchée, bah c'était avec toi. La première et seule fois, en fait. Toi qui t'es levé, comme ça, au milieu de la nuit, et puis t'as pris ta gratte et voilà. La seule et unique fois, ok, mais elle a duré plusieurs morceaux, et avec des mois d'intervalle. Ce mec qui ne payait pas de mine. T'as branché le tout et vlang. Dans ma gueule. Je crois que j'aurais pu retomber amoureuse de toi à ce moment là. Ce mec avec son t-shirt noir et un jean défoncé bien trop grand pour lui. C'est ta pointure qui était beaucoup trop grande pour moi. Pas l'inverse. Et c'est moche. Si j'ai été émue c'était pour toi au départ. Ensuite pour ta musique. Et je passe les moments de silence. Quand tu fermais les yeux et que tu ne voyais rien d'autre que... Je ne sais pas ce que tu voyais en fermant les yeux. T'avais un sourire sur les lèvres. Le genre de sourire que j'ai cru posséder. Que tu m'avais mis. Celui qui me rendait peut-être belle. Je ne suis pas jalouse parce que je ne pourrais pas me priver du bonheur des autres. Je n'étais donc pas jalouse de ta guitare. Juste. Envieuse. Comme pour toi. J'aurais aimé être à sa place. J'aurais peut-être mieux fait de le dire. Sauf que non. Le bonheur des autres. Je suis persuadée que la musique possède ses propres moments de joie. Être envieuse d'une gratte, tout de même. A cause de ce putain de mec qui ne payait pas de mine. Et que bien sûr aujourd'hui...

Lundi 14 juillet 2008 à 16:27

« Les choses de la terre n'existent que bien peu,
et la vraie réalité n'est que dans les rêves. »


Charles Baudelaire
Les paradis artificiels




Quand il ne reste que l'envie et qu'on ne peut manquer à personne.

Lundi 14 juillet 2008 à 15:37

Cette vie elle passait rapidement, trop rapidement, les jours comme les mois, les mois comme les années. Un mot, une phrase, une sensation, une main dans la sienne et voilà, les mots repartaient, lui labouraient le cœur et jaillissaient à nouveau, sous d'autres formes. Aujourd'hui il n'y a plus que la demi-teinte d'un vent de plaine alors qu'elle brûle de crier les lames, les vagues qui lui brisaient les os. Qui lui hachaient le cœur. Elle se promenait sur sa vie, faisait abstraction de tous ces gens, de tous ces problèmes qui peuplaient son désespoir. Solitude. Tout lui rappelait cette longue mais trop courte soirée où c'était presque un vrai été.
Elle fumait doucement. Elle avait trop longtemps aspiré chaque sensation comme si c'était sa dernière bouffée d'oxygène. Le vide de trop plein. C'était un peu tout résumer. Elle est pleine de tout. Et si même lorsqu'elle est vide elle est pleine c'est parce qu'elle est pleine de vide. Un rire jaune qui tombe dans l'air sans saveur, sans odeur. Ce jour là elle est partie. En gardant en tête les rêves qui valaient plus que les promesses. Elle se regardait s'éloigner de ses rêves. En bonne omnisciente elle a tout vu. Tout vécu. Elle ne s'est juste pas aperçu qu'elle ne partirait réellement jamais, qu'elle ne vivrait jamais… Parce que ce faux-départ était le seul susceptible d'être définitif.


[C'était à écrire. C'était à vivre. Ou comment garder 1000Kms de distance en étant à côté de quelqu'un. Qu'on aime.]

Lundi 14 juillet 2008 à 12:57

Tu veux que je te dise quoi ? De beaux mots ? Des mots doux, vivants, des mots qui répondraient  à ton envie de les croire  ? Oui ? Par exemple ? Et bie non. Je ne suis pas comme ça. Les mots on ne les choisit pas. Ils tombent, voilà tout. Qu'il fassent plaisir ou non. Il peuvent être plume comme enclume. Tu ne voulais pas y songer, n'est ce pas ? Le temps est venu de grandir, les illusions sont bonnes pour les éternels enfants. Toi tu as loupé le coche pour l'offre "insouciance imortelle", il est temps d'ouvrir les yeux que tu n'avais techniquement pas fermés. C'est vrai que s'ils avaient été fermés, tout aurait été plus simple : tu n'aurais pas ces images dans la tête. Ces souvenirs auxquels tu te raccroches. Dire qu'alors que c'était la fin tu ne voulais pas y croire. Jusqu'au bout tu as voulu... Espérer. C'est moche, je sais, alors que tu pensais avoir tué l'espoir il y a un an de cela. Mais tu espérais. Les yeux rivés sur les chiffres du réveil, la tête enfouie dans l'oreiller, pour rester encore un peu plus longtemps tu espérais. Parce que l'espoir fait vivre la pensée d'après. Sauf que non. Il fallait la tuer. D'une main, cinq doigts et un regard qui ne voulait rien dire. C'était pire qu'une fin malheureuse. Ca n'était rien. Tu n'étais rien. Pourtant aujourd'hui tu tentes de reconstruire quelque chose par dessus. Vas-tu enfin comprendre que tu n'as pas les fondations suffisantes ?

Le narrateur, ta gueule.

Dimanche 13 juillet 2008 à 11:19

J'écris, tant que je peux, histoire de. Sur mes souvenirs, sur le reste. Pour. Je ne sais pas. Mais il le faut. Ou pas. Alors si vous comprenez encore moins que d'habitude c'est normal. Si vous ne vous en prenez pas plein la gueule c'est normal, et voilà. Personne ne s'en prend plein la gueule. Personne n'est rien. J'écris en réponse. Pour finir. Ou pas. Pour continuer. Plutôt.

Dimanche 6 juillet 2008 à 15:21

"J'ai tué mon ombre hier soir, d'un sourire coloré..."

L'important étant juste de ne pas se tromper d'ombre. Différencier celle qui englobe et cache tout de celle qui met simplement la lumière en valeur. Oui. Facile à dire, comme d'habitude. En réalité on a une chance sur deux de se planter. On une chance sur deux de réussir, selon. Pas plus, pas moins.

Dimanche 6 juillet 2008 à 15:19

Peut-être que parfois la meilleure chose à faire est de garder le silence. Dans ce cas là je dois admettre que je ne suis pas douée. Après tout, là n'est pas la question. Se contenter d'être ce que l'on est, d'avoir ce que l'on a. Enfin comprendre qu'il est là, l'extraordinaire.

Dimanche 6 juillet 2008 à 15:14

L'odeur du café me fait penser au chocolt chaud que j'avais du prendre il y a de cela deux mois et un jour. Pour me réchauffer. Le 4 mai... Pour tenter de me réchauffer. Le gobelet brûlait mes mains froides sans pour autant apporter la chaleur tant désirée. Le soleil avait fait de moi un glaçon!; Il ne faut pas que j'en fasse une habitude. Trois étés c'est un de trop. Enfin. Pour le moral ce sont trois étés à effacer. Dans les faits, le troisième n'existe pas. Et il n'y a pas de "encore", j'ai confiance. Cet été est là.

Dimanche 6 juillet 2008 à 15:09

Mes lèvres saignent. Mes doigts sont tâchés d'encre. Les mèches dans les yeux je m'éloigne. J'avance même. Ou plutôt non. Je m'éloigne. Chaque jour passé, barré sur un calendrier de fortune est un victoire gagnée sur la proximité. Physique et (senti)mentale. Après le jazz d'Alex Beaupain, le piano de Tiersen, Again d'Archive. J'aime le mode aléatoire de mon ipod. arrivée à la gare de Marne la Vallée. Je vais bien. Vous ne vous en faites pas.

Dimanche 6 juillet 2008 à 15:02

Paris défile au son du piano. Je ne m'y arrête plus. Je fais tout tomber. Je suis tombée. Je me suis fait mal. Et pourtant, il arrive quand donc ce foutu sol ? Le ciel de Paris est gris. Tellement beau aussi. Je suis irrémédiablement attirée.

Samedi 5 juillet 2008 à 18:32

Les jours de chiale.
Et sentir ses épaules bouger, comme ça, au rythme de la musique, sans que rien ne vienne troubler cette harmonie. Cette musique a l'odeur et le goût d'une cigarette, s'arrête sur la vision d'une nuit rouge dans la banlieu lyonnaise, s'évanouit devant la lumière blanche de deux écrans d'ordinateur. Pourtant, ce moments parmi d'autres reste présent dans une musique. Pourquoi celui-ci avec plus de force ? Parce que c'était une découverte, écoutée en boucle. Sans compter que le jazz se prête tellement bien à la mélancolie. A la nostalgie.

Samedi 5 juillet 2008 à 18:28

"Aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie."

Pour ce premier jour je réapprends à écrire au stylo plume dans un TGV. Je pars. La musique dans les oreilles. Antigone et la version papier d'un email sur la tablette.

mots de colère
mots d'amour
mots de vérité

Mais ils sont toujours là. Fidèles, loyaux. Présents à chaque rendez-vous sans que l'on puisse remettre leur rôle en question. Pas de restriction de poste pour eux. Et c'est tant mieux. Les mots.

Jeudi 3 juillet 2008 à 19:04

- Et donc ? Je peux à nouveau t'appeler Majesté ?

- Je n'en sais rien...

- On sait toujours.

- Je te dirai ça dans quelques  jours si tu veux bien.

- Ce n'est pas à moi de vouloir !

- C'est pas ce que je voulais dire et tu le sais.

-  C'est à toi de disposer, d'être, sans peur du lendemain !

- Une phrase trois erreurs...

- C'était  à moi de te faire la morale. Pour que tu sois heureuse.

- Une Reine peut tout faire, ou presque. Y compris la morale.

- C'est vrai que j'ai voulu te faire despote, mais pour ton bonheur.

- A être trop puissante on devient trop faible. Alors...

Jeudi 3 juillet 2008 à 18:33

Elle avait besoin de quelque chose de familier, de réconfortant. En fait, elle avait surtout besoin de certitude. Savoir. Ne plus jouer aux devinettes. Elle ne demandait pas des preuves, juste une certitude. Sauf que non. Elle ne pouvait pas obtenir ça en claquant des doigts.C'est alors qu'elle décida de ruser. Elle allait se créer une connaissance familière. Et ça allait marcher.

Mercredi 2 juillet 2008 à 20:19

Le ciel s'est couvert si vite que personne ne s'en est aperçu, il va pleuvoir.

Elle a à peine eu le temps de penser cela que les premières gouttes se mettent à tomber, grosses mais peu nombreuses. C'est une pluie d'été, une pluie nouvelle. La première de sa vie présente. Ou la dernière de l'ancienne. A voir. C'est avec délice qu'elle retire ses chaussures avant de se laisser mollement tomber sur son matelas. Les gouttes tombent sur son velux. Bruit. Elle ferme les yeux. Arrive au bout du chemin, ce chemin pavé et souvent glissant, elle voit. Se voit ? La lumière se fait brusquement, se lever et agir. Elle dévale les escaliers, ouvre la baie vitrée et court jusqu'au bout du jardin, toujours pieds nus, sous la pluie. L'air est un peu plus respirable qu'il ne l'était ces derniers temps. Sous ses pieds elle sent le sol glissant, elle connaît cette sensation de déséquilibre. Où les dérapages ne se contrôlent pas. Elle s'arrête net. S'allonge dans l'herbe déjà détrempée, elle veut regarder la forme des nuages. Il ne manque plus qu'une cigarette qu'elle peinerait à allumer et qui mêlerait la fumée amère à la [...] du tabac mouillé.

Elle sait que derrière le grillage il y a un champ, elle le voit, et derrière ce champ il y a une route…Pavée. Sur cette route se trouvent quelques une de ses désillusions remarquables, de ses rêves les mieux piétinés, de ses fumées les plus vite dissipées.

Mercredi 2 juillet 2008 à 14:56

[Pour ceux qui se demandent encore qui suis-je, où-suis, où vais-je, et bien je suis en mode jefaislalessive et ce depuis trois jours. J'aurais jamais cru qu'il y avait autant de fringues chez moi, et à force d'accrocher/décrocher je vais finir par me faire des bras à la Laure Manaudou. J'ai déjà le dos. Alors Pouet.]

Et moi à cette heure là je dormais déjà. Du sommeil lourd de ceux qui n'ont plus envie. C'est s'abandonner, lâcher ce qu'on ne tient déjà plus. Je ne sais pas si cela rime à quelque chose à vrai dire. On s'en veut alors de ne pas réussir à vivre comme auparavant, on s'en veut de ne pas retrouver ses habitudes. Elles se sont fait la malle, le reste avec elles. En fait, je crois que le sommeil sert juste à mettre la machine en veille, et le faire de plus en plus souvent prouve peut-être qu'on va bientôt l'éteindre pour de bon. Plus de sensations, il ne fait plus chaud, il ne fait plus froid et c'est l'insensibilité qui prend ses quartiers. Subvenir à soi-même. C'est un beau concept. Quelque peu utopique voilà tout.
Au final on ne se subvient pas, on survit à cause d'un connard d'instinct qui après des siècles d'évolution a trouvé le moyen de rester incrusté dans nos gènes. J'attends toujours le court-circuit.

Lundi 30 juin 2008 à 20:13

L'absence

Je te parle à travers les villes
Je te parle à travers les plaines
Ma bouche est sur ton oreiller
Les deux faces des murs font face
A ma voix qui te reconnaît
Je te parle d'éternité

Ô villes souvenirs de villes
Villes drapées dans nos désirs
Villes précoces et tardives
Villes fortes villes intimes
Dépouillées de tous leurs maçons
De leurs penseurs de leurs fantômes

Campagne règle d'émeraude
Vive vivante survivante
Le blé du ciel sur notre terre
Nourrit ma voix je rêve et pleure
Je ris et rêve entre les flammes
Entre les grappes du soleil

Et sur mon corps ton corps étend
La nappe de son miroir clair.


Paul Eluard,
Derniers poèmes d'amour,
1963.

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