Jeudi 3 avril 2008 à 6:09
Sa peau pâle d'adolescence n'était marquée que d'un souvenir. Mais quel extraordinaire objet de la mémoire ! Le souvenir d'un lui qui n'existait pas. Du moins pas de cette manière. Chaud sur ce blanc glacé. Était-ce une anticipation ? Un futur en attente ? Doux songe que celui où l'on se souvient de ce qui arrivera. Et puis, elle se complaît dans ce souvenir. Imaginez un peu : il est une présence ! Alors, au nom de cette incessante bataille contre le vide... Tout sauf le vide, avec en fer de lance, ou en étendard, selon les jours, ce fameux "Pourquoi pas ?", fier remplaçant d'un "Qui vivra verra" dont les temps ne s'accordaient pas assez bien aux désirs de la situation. Si ce futur tant espéré n'arrivait ? Il pourrait peut-être se contenter d'exister sur la peau de cette gamine. Sauf que voilà. Quoi pour la contenter elle ? Quelle est, quelle sera, la place du présent dans cette concordance des temps inextricable ?
Cet article a failli être quelque chose de bien.
Il a failli ne jamais être écrit ici.
Encore loupé.
Mercredi 2 avril 2008 à 18:17
Même de la manière la plus désagréable, on me ,force à avoir confiance. Alors c'est sûrement pas aussi mal que ça. Faut l'assumer. C'est tout. Et si moi j'ai pas envie d'assumer ? Ouais. Sauf que ça n'est pas mon genre. Alors je suis allée récupérer le portable en passant par le toit et j'ai remis la vodka dans le tiroir. Avec le paquet de cigarettes. Mes lèvres se réparent peu à peu, merci au baume. Je ne suis pas allée jusqu'au chemin de pavés. Je suis retournée dans ma chambre, bien au chaud, je me suis glissée sous la couette après m'être séchée et avoir essuyé mes pieds. Simplement. Ne pas répondre à un coup par un coup. Je répondrai plus tard. Le temps d'emmagasiner de la haine. Là maintenant, de suite, je serais trop gentille. J'ai testé cette manière de faire l'an dernier, avec quelqu'un de plus faible, de surcroît, et puis au final ça n'a rien donné. Là c'est un beau combat. Quitte à les laisser croire que les forces sont inégales. Je m'en fous de ce qu'ils pensent. Leurs pensées je les dissèquent, les analysent, et j'en tire profit. Logique quoi. Répondre à chaque texte. Au fur et à mesure. Parce que. C'est comme ça. Laisser croire à ces mots que je suis leur enfant pour mieux les comprendre, mieux les apprivoiser. Les mater et les dresser certains jours. Ou l'inverse. Mouais.
Mardi 1er avril 2008 à 15:11
M'asseoir à côté de la chaise, ou presque. Eclater de rire, mais silencieusement. Ou presque. J'éclate de rire. Oh. J'éclate de rire. T'as vu ? J'ai appris à rire. Il ne reste pas coincé dans ma poitrine. Cette manie, cette habitude que tu avais remarquée et qui, je le crois, t'avais agacé. Aujourd'hui c'est si différent. J'ignore même si je vais reprendre ce dernier contact. Avec toi peut-être. S'ils l'ont fait, je peux le faire. Je pardonne mais n'oublie pas. J'arrête de souffrir mais faut faire comment pour oublier ?
Non. Ce blog n'est pas près de fermer.
Mais fèche alors.
Non, ça n'a jamais été normal, nous deux.
Et c'est de ma faute.
Mardi 1er avril 2008 à 14:56
Ne pas être montée à cheval depuis une éternité ou deux mais retourner à l'écurie avec Marion et surtout Hélène. Retrouver Brèche et l'admirer sur la piste. Les odeurs de la ferme voisine qui se mêlent à celle des copeaux de bois que l'on vient juste d'apporter. Être crevée. Avoir mal partout et sourire à s'en crever les joues. Retrouver la douce atmosphère de la maison avec délice. J'ai hâte d'être à la fin du mois de Mai. Que Julie revienne un week-end sur deux, que Charlotte rentre d'Angleterre. Rester ébahie devant les deux soeurs en pleine séance de dressage. Retourner à Bruxelles. Vivre dans leur tourbillon parce qu'avec mes filles les jours passent plus vite.
Julie, Charlotte, moi et les autres auteurs.
Lundi 31 mars 2008 à 21:01
Tu sais, ce soir j'aimerais écrire quelque chose de joli. Quelque chose qui me changerait les idées. Comme ça, pour rien, pour toi. Te parler du soleil et des nuages. Ceux qui filaient vite dans le ciel et tant mieux. Parce qu'ils étaient gros et noirs. Du vent qui était juste bien, où il le fallait, quand il le fallait. Parler peut-être de s'asseoir quelques minutes pour rester au soleil, les jambes étendues sur le macadam, le macadam qui n'est peut-être pas reluisant de propreté mais qui avait emmagasiné toute la chaleur du midi. Décrire les fous rires, se moquer plus ou moins gentiment de Francis Lalanne. Des moqueries plus sympathiques, parce que d'abord on va le dire à Mlle Orpel, mais nonjesuisavecquelqu'un,dumoinsjelecrois, et puis c'était pas Fabien, je l'ai pas vu Fabien aujourd'hui, c'était Thomas P. Et puis c'est pas forcément classe de dire qu'ils ont la même coupe de cheveux. Je sais pas moi, c'est pas vraiment le même genre. S'inquièter en s'en foutant royalement à la fois, mais les vœux des terminales. Dis, c'est vrai qu'on y sera vite ? J'ai hâte je crois. Apprendre à Justine. La voir bouche bée. Lui donner un chewing-gum pour qu'elle se remette de ces émotions. Presque envie de mettre un warning. Je vous le dis mais si je vous l'ai pas dit avant c'est qu'on en sait rien. Se souvenir des paroles d'Adeline. Oui, mais non. Lui indiquer les endroits où on peut arracher le plastique noir du sac... Mais j'aurais du mal à écrire ça ce soir. J'aurais du mal à être joyeuse, à avoir la plume allègre et pétillante. Sûrement parce que durant toute cette jolie journée j'ai écrit d'autres choses. Des choses beaucoup moins jolies. En plus j'en ai écrit beaucoup, tu sais. Et le "pour toi" du début qui s'est glissé sous mes doigts, tout seul, j'avais rien demandé. Promis.
Samedi 29 mars 2008 à 17:21
Elle se demande pourquoi elle fait ça. C'est tellement bête. Ces partitions qui jonchent le sol de la chambre. Alors qu'elle sait que cela ne rime à rien. A rien du tout. Mais elle continue pourtant. En voilà une sale habitude. Espérer. Et puis quoi encore ? Rêver ? Ce serait bien la meilleure. Non. Les deux pieds sur terre. Être de plomb, finalement, et s'enfoncer. Au moins il n'y a plus aucun effort à faire : juste se laisser sombrer. Et empêcher un dernier sursaut du corps qui veut instinctivement se redresser vers l'oxygène. S'enfoncer. Réprimer la poussée verticale. Le reste aussi. Faut pas charrier. Archimède n'était pas un bloc de métal.
Samedi 29 mars 2008 à 17:07
Chanter. Parce qu'on a le droit de souffrir. Si l'on souffre en silence. Alors je chante. C'est pire que le silence. C'est mieux. Ça empêche la souffrance. Ça dégage le temps à grands coups de pied dans le cul. A croire que c'est ce qu'il me faut. "Si tu pouvais faire passer tes émotions aussi bien que lorsque tu chantes." Mes émotions ne passent plus. Je les garde. D'abord. Il faudra venir me rechercher, quand vous serez décidés. Si vous vous décidez un jour. En attendant, je préfère chanter devant un mur.
Mardi 25 mars 2008 à 20:09
- Tu veux quoi pour tes dix-sept ans ?
- Une bouillotte.
- *imitation* Une bouillotte pour avoir chaud dans mon lit le soir quand je m'endors.
- Tout à fait.
- Zut alors.
- Quoi ?
- Moi qui pensais t'offrir un homme.
- ....
- Tu viens avec moi ?
- *rire* Euh où ?
- A Paris.
- 'culé.
- Quand y'a mon vibreur dans la poche de mon jean ça vibre sur la couture avant de vibrer dans la poche.
- On a les sensations que l'on peut.
- T'es peut-être pas mon père, mais n'empêche, ce père que tu es toi il est pas mal du tout...
Lundi 24 mars 2008 à 21:35
"Pour eux ce n'est qu'un prénom. Ils lui donnent oui ses lettres de
noblesse mais les choses n'en restent que là, si j'ose dire. Oh oui,
j'ose dire. Ce prénom c'est pour moi des milliers de souvenirs. Le
concours de celui qui crie le plus fort, le premier amoureux, la seule
punition, les carambars qui fondent dans les poches, la boucle
d'oreille, unique, que je porte encore parfois autour de mon cou,
histoire d'être originale, dix ans après. Alors
ouais, du coup j'utilise ce prénom avec parcimonie. Histoire de ne pas
l'abîmer, de lui conférer un ptit truc rarissime qui le rend réellement
exceptionnel. Je ne sais pas vraiment pourquoi, il relève presque
pour moi de l'ordre du sacré. Et c'est avec un ravissement grandissant
que je le vois utilisé par des personnes que j'admire elles aussi de
plus en plus. C'est dit. Et si je devais refaire ma lettre, je n'y ajouterais que des bonus."
Au jour d'aujourd'hui ma lettre je la brûlerais, si je l'avais encore. Mais là n'est pas la question. Ce n'est pas de cet autre souvenir, celui qui a quitté la boîte noire pour rejoindre la rouge, celle qu'ils partagent. Ce retour qui n'en est pas un. Parce que lui, celui dont je veux parler, buvait du champagne pendant que j'étais au téléphone. Même que j'ai fini de bousiller mes pompes en discutant sous la pluie. Tous ces souvenirs qui remontent, ces souvenirs de fête de la musique, de bagarres, de celui-qui-va-foutre-le-feu-à-l'arbre. Ces pierres et ces cabanes. Ces fleurs et ces danses. Nos bêtises qui restent mes seuls souvenirs.
Lundi 24 mars 2008 à 14:49
- Qu'est ce que tu fais dehors ?
- Je photographie la neige !
- Et tu y arrives ?
- Non, le ciel est trop blanc, elle est trop blanche, trop rapide, trop vive pour moi.
- Rentre vite alors !
- Non, elle est juste assez froide, et les petits flocons dans le col de mon maillot, qui donnent des frissons dans le dos et qui me rappellent que j'existe pour de vrai.
- Tu as besoin de ça pour te le prouver ?
- Pas vraiment. Mais c'est une belle manière de s'en souvenir. Tu te rends compte ? Il neige au mois de Mars.
- C'est peut-être pas si exceptionnel que ça...
- Si, parce que cela faisait tellement longtemps que j'ai failli oublier.
Dimanche 23 mars 2008 à 18:04
Ton frère. Mon œil. Il ne fera rien du tout ton frère. Il va au contraire arrêter. Arrêter de me regarder. Arrêter de me parler comme si cela coulait de source. Arrêter de venir s'asseoir à côté de moi comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit. Mais pour moi ça n'était pas naturel ! Pour moi cela avait représenté un énorme effort. Alors oui, la routine je ne la supporte pas bien. Parce que mon cœur ne la supporte pas bien : ça le rend malade, positivement malade... Snober. Pour ne plus jamais s'arrêter en chemin. Sortir la tête de l'eau. Laisser les souvenirs couler dans le fond. Ce ne sont pas des souvenirs. C'en sont les idées. Des conneries à vous aspirer sans vous laisser la moindre chance de salut. J'oublie comment nager.
Samedi 22 mars 2008 à 18:30
Et dans ses ombres se cachaient des notes. Des centaines, des milliers de notes. Sauvages ou apprivoisées, violentes ou douces. Des coups tapés à une porte. Qui veut ouvrir ? Et pour aller où... ? Ces notes étaient dans de drôles d'états, recroquevillées dans les coins, dansantes au milieu du monde, isolées ou serrées les unes contre les autres, comme pour se tenir chaud. De temps à autres elles lui assaillaient le cœur et l'esprit, occupant sans distinction les envies, les sentiments, les peurs, les pensées... Ça n'était pas vraiment cohérent, mais cela n'avait guère d'importance. Elles étaient là. Même lorsqu'elles étaient faibles et effrayées, elles étaient là. Elles comblaient le vide, le vide n'aurait jamais du pouvoir se faire sentir à nouveau. Parce qu'elles sont toujours là, complètement folles et normalisées. Elles se sont fondues dans le paysages, fatalement. Rien à faire. Ces notes sont en train de mourir dans ses ombres qui s'agrandissent.
Samedi 22 mars 2008 à 16:06
Ecrire sur des petits bouts de papier. Imiter l'écriture d'un autre homme. Ne pas laisser d'indice. Déposer ce bloc sur l'oreiller encore chaud. Ne plus le regarder. A l'aube. S'enfuir. S'évanouir dans la Nature. Les affaires connaissent la marche du monde. Et le monde ne connaît pas la marche de mes affaires. C'est très bien bien ainsi. Surtout ne rien changer. Détourner les yeux. Partir de biais. Mais partir. De peur de rester. Avoir attaqué de front et filer à l'anglaise. J'irai régler mes comptes avec Napoléon un peu plus tard dans la journée.
Samedi 22 mars 2008 à 14:36
¿ Se puede meter la luna en una botella ?
Quiero decir estas cosas de sancíon. Quiero saber la madre del cordero. Sé ya la sobára del fracaso, de la
expectativa y estoy desganada. Bohemio de los sueños, intruso emanado
un perfume embriagador, así que lo tengo que aceptar por narices, la
veridad. Ni fiesta ni narices.
Estás queriendo la chica. Y la chica le gusta te pelar la pava. Para mí, me gusta leer los palabras de nosotros mentiras. El pasado. Ahora ni absente sin culpa y ni presente sin disculpa.
Aficion ciega razon.
[L'espagnol me manque.]
Vendredi 21 mars 2008 à 7:38
C'est différent. Finir sa nuit à quatre heures trente, regarder un peu sur quoi portera l'interro. Se dire que ce soir il y a la cérémonie d'intronisation. Songer à ce qu'il va falloir mettre, au service que je vais faire et déjà avoir la flemme. Ne pas penser au DS de maths de demain sinon c'est la catastrophe. Faire des rêves étranges, de derrière la mairie, où il y a les gens du lycée et un air de Debout Sur Le Zinc pour marquer les temps. Me lever malgré tout à 6h30 et déjeuner, plus pour me réchauffer.. Aller prendre ma douche. Rire. Et garder ce rire au creux de la gorge, entre les deux cordes vocales, la place n'est pas bien grande mais il n'en sera que plus vrai. Peut-être. Je vais bien. Je ne suis pas beaucoup sur l'ordinateur mais je vais. Si je n'écris pas beaucoup ici, j'écris beaucoup ailleurs. Sauf que les mots ont trouvé quelqu'un vers qui aller.
Lundi 17 mars 2008 à 17:48
Je ne connais pas (encore ?) de manière plus violemment belle de commencer sa journée.
Elle s'en inspire un peu. Parce qu'elle est bloquée. Elle ne voit qu'un seul chemin. Même si c'est celui qu'elle a envie de prendre elle trouve un peu angoissant de ne pas avoir le choix. Y croire comme des gamins mais y croire. C'est peut-être la seule manière de croire vraiment, et de croire bien. Le monde est là, devant elle. Mais elle n'est pas vraiment en face du monde. Si l'on peut imaginer "un astre noir versant la lumière et le bonheur", si on l'a vécu tellement souvent, on devrait pouvoir imaginer un soleil tout court. Non ? Réussir à être l'autre. C'est une ambition qui n'était pas à sa portée, c'est une ambition qu'elle n'avait pas possédé. Alors c'est l'ambition qui désormais la possède. Elle est devenue un symbole. On ne peut pas tuer les symboles. Ils perdent leur sens. Et c'est mille fois pire.
Samedi 15 mars 2008 à 12:11
On fait comment pour couper tous les ponts ? Pour les oublier ? Tous ? Pour ne plus jamais avoir l'envie d'y retourner ? A part se coller une balle dans la tête, bien sûr. J'attends vos propositions. Qui ne viendront pas. Faut pas rêver non plus. Vous ne les connaissez même pas. Sûrement que je ne les connais pas non plus, d'ailleurs. C'est peut-être bien ça le pire : y'a pas besoin de les connaître pour les aimer. Et plus on se fait d'eux des illusions plus on les aime. Eux ou les illusions, c'est à en perdre son latin. Tu parles. Pour le nombre de gens qui sont encore foutus de réciter la seconde déclinaison.
Vendredi 14 mars 2008 à 11:56
Je suis fatiguée et la musique est éteinte dans la maison vide. Il n'y a plus ces éclats de rire qui faisaient vivre le monde entier. Les garçons ne jouent plus au basket sur la terrasse : le panier bricolé par l'ancien commence à pourrir sur pied. Avec l'arceau rose venu des voisins. L'aînée attend perpétuellement un train qu'elle ne prendra jamais. Le cadet est jaloux de cette attente vaine. Quant aux invités ils se sont évanouis dans la nature, au creux des souvenirs et des rêves trop usés. Elle jouait avec eux pourtant. Ces instants où son esprit n'était pas partagé entre désirs et réalité. Ils marchaient, couraient et tombaient. Le plus beau c'était leur manière de se relever. Ensemble. Parce qu'ils s'aimaient si fort et si peu. Il aurait suffit d'entamer un autre carnet, un autre été, un autre regard pour un autre sourire. Non. Le temps est passé et maintenant elle reçoit par colis ses espoirs vaincus. Elle n'ose même pas se blottir à l'intérieur : cela risquerait de gâcher ceux à venir.
Jeudi 13 mars 2008 à 12:16
Nous sommes devenus insensibles, ou presque. Il faut dire que j'ai l'habitude. C'est la troisième fois que je me fais attraper. Non pas que je suis incapable : c'est juste que je me mets plus souvent en danger que les autres, parce qu'il le faut bien. Et puis je ne lutte pas trop pour m'en sortir, au fond de moi je suis sûre que je ne vais pas en mourir, et si je peux aider quelques personnes à s'en sortir. La torture, le poison, l'apnée... A ma droite une toute petite fille, blonde, extrêmement jolie. A ma gauche un compagnon, plutôt beau garçon, peut-être un peu plus vieux que moi. Quelle est cette certitude que j'ai ? De savoir qui va mourir et qui va vivre ? La petite fille rit encore et explique au garçon qu'elle doit lui coiffer les cheveux. Elle ne le fait pas de suite. Je leur dis de le faire et ils ne le font pas. Ne pas dire qu'ils devraient le faire maintenant, non pas à cause d'elle mais à cause de lui. Dans les rangs j'aperçois Pierre. L'insensibilité que j'ai ne couvre pas tous les souvenirs du passé. Lui, il ne doit pas mourir. Je lui fais un signe de la main. Son frère est quelques "sièges" à côté de lui. Je sais que dans la salle il y a aussi l'une de mes demoiselles, la comparse je dirais. Je le sais. C'est ainsi. Elle ne doit pas mourir non plus. En elle j'ai confiance. Ca commence. Je n'ai jamais rien senti à la torture. Je ne sens rien. Pour la première fois je m'aperçois du poison. Mais je suis concentrée sur l'apnée. C'est un exercice que j'apprécie. Et celui-là est particulièrement poussé. Quand on fait une chute de 25 mètres, entouré de cadavres et de lambeaux de chairs, il ne faut pas croire que l'on peut reprendre sa respiration. C'est d'autant plus dur de conserver son air.
Mercredi 12 mars 2008 à 12:19
Tu vas bien ? Oh. J'écris sur mes jambes la nuit, au marqueur noir. C'est grave docteur ? Je dirai que rien n'est grave, tout est une question de norme. Cependant, ton cas relève de la pathologie. C'est bien ce que je me disais. Et après tu faisais quoi ? Oh, je descendais, luttais pour ne pas rallumer mon ordinateur et j'effaçais le noir en frottant avec des cotons pour démaquiller, imbibés d'alcool. Rien de particulier en somme. Non. C'était en quelle langue sinon ? Anglais. Logique. Oui, depuis quelques jours. Et le rêve donnait quoi ? Ce que j'avais écrit sur l'ardoise, à cause de Death Cab For Cutie, ce que j'ai effacé et écrit à nouveau à cause de What Sarah Said, ce qu'il y avait eu sur mes jambes, chanté et joué à la guitare dans une petite pièce en face d'une fenêtre. La fenêtre disparaissait, la guitare ensuite, la pièce était grise et je finissais par réciter. Tu t'en souviens ? Oui.